Et la plupart sont en concert en France pour la saison culturelle France-Colombie, organisée par l’Institut français !
A l’occasion de la saison culturelle France-Colombie, de nombreux artistes colombiens se produisent partout en France dans les six mois à venir. L’occasion d’explorer une nouvelle scène musicale riche et diverse. Entre salsa old school, techno psychédélique, cumbia rebelle et swing latino, vous ne pourrez pas dire non à un peu de colombienne.
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Mitú, la « techno de la jungle »
Entre le guitariste de Bomba Estéreo, Julián Salazar, et le percussionniste caribéen Franklin Tejedor, une sorte d’osmose s’est installée depuis qu’ils ont commencé à travailler ensemble, il y a cinq ans. C’est de cette rencontre qu’est né Mitú, et sa techno tropicale cousine de l’électro de l’Équatorien Nicola Cruz.
« Mitú » ? C’est le nom d’un village colombien reculé, en pleine Amazonie. « On peut faire une analogie entre notre musique et ce lieu isolé, difficilement accessible, où il faut vraiment vouloir se rendre pour le trouver, explique Julian. C’est aussi le nom d’un oiseau qui vit en Amazonie. Ça sonne un peu comme ce qu’on fait. » Le duo puise en effet son inspiration dans la musique traditionnelle de San Basilio de Palenque, village caribéen situé dans le nord de la Colombie, dont est originaire Franklin. « Maintenant, je ne suis pas sûr qu’on puisse encore définir ce qu’on fait comme de la ‘techno de Palenque’, mais peut-être plus comme de la techno de la jungle », relativise-t-il. Leur nouveau single, Melgar, extrait de l’album Cosmus (à paraître an août) témoigne de ces influences.
« Ce disque a mis presque deux ans à naître, entre tournée et paternité – ma fille est née il y a un an et quatre mois, révèle Julian. Techniquement, on a changé tous nos appareils, alors que cela faisait cinq ans qu’on utilisait les mêmes. C’est une rénovation. On a cherché à prendre un virage, à changer, à tout refaire à partir de rien ». Le résultat sera à voir en live au 104, à Paris, en décembre. En attendant, on peut aussi écouter cet autre single, qui porte bien son nom, Fiebre.
-> En concert le 16 décembre au 104 à Paris, pour la clôture de l’année France-Colombie 2017.
Monsieur Periné, le swing latino
Ne vous y trompez pas, derrière le personnage mystérieux de Monsieur Periné se cache bien un groupe colombien, qui a fait du swing manouche sa colonne vertébrale. Ce nom atypique est venu à l’esprit du guitariste et violoniste Santiago Prieto en lisant un livre de… Michel Houellebecq, Les Particules élémentaires. « Il y avait des scènes de sexe, très bien écrites, et je suis tombé sur le mot ‘périnée’, que j’ai cherché dans le dictionnaire parce que je ne le connaissais pas », raconte-t-il. « Comme en Colombie les gens qui ont de la culture pensent que tout ce qui est français est synonyme de sophistication et d’élégance, on s’est dit que ce serait un bon nom », complète Catalina Garcia, la chanteuse du groupe. Celle-ci, originaire de la ville de Cali, a étudié au lycée français, ce qui explique que certains morceaux soient écrits dans la langue de Molière. « Mais le périnée c’est aussi la force de la création, là où se trouve l’origine de la créativité », finit par lâcher Santiago, avec un sourire espiègle. Dont acte.
Élevés au swing de Django Reinhardt, les musiciens de Monsieur Periné ont fabriqué leur propre cocktail exotique en mêlant jazz manouche et charango. « On appartient à ce côté du globe, pas seulement à la Colombie, mais au continent américain. Notre ADN, c’est la musique latino », confirme celle qu’on surnomme ici « Madame Periné ». Leur second album, Caja de Musica (2015), a d’ailleurs été produit par un membre du groupe Calle 13, Eduardo Cabra, de Puerto Rico. Il a obtenu le Latin Grammy 2015 du « meilleur artiste émergent ».
Leur prochain album sera enregistré ce mois d’août, et un premier single devrait voir le jour à la fin de l’année. On y trouvera de nouvelles collaborations, avec la Mexicaine Julieta Venegas, et le claviériste Juancho Valencia, membre du groupe Puerto Candelaria, de Medellin.
Puerto Candelaria, les génies de la « cumbia rebelle »
Depuis le début des années 2000, un port onirique habité par des personnages dignes des films de Tim Burton sillonne et envoûte l’Amérique Latine de sa cumbia furieuse et festive. Il a pour nom Puerto Candelaria (référence à la « Villa de la Candelaria », l’ancien nom de Medellín, où le collectif a été fondé). Plus qu’un groupe, c’est un lieu imaginaire qui prend toute sa dimension en live, et qui trouve sa source conceptuelle dans le « réalisme magique » de Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature colombien, auteur de Cent ans de solitude avec sa cité imaginaire de Macondo.
« Puerto Candelaria se définit comme un ‘Macondo’ sonore, explique ainsi le bassiste et chanteur du groupe, Eduardo Gonzalez. On conçoit nos concerts comme des shows visuels, comme une pièce de théâtre. » La chanteuse, « Maga la Maga », y incarne une magicienne malicieuse, le percussionniste, « Diggy », représente l’insouciance et la jeunesse, le trombone, « Barromán », est un mercenaire sans foi ni loi, et le bassiste, « El Caballero del Bajo », un gentleman séducteur.
Alors que la guerre des cartels faisait encore rage à Medellín, Puerto Candelaria (cinq albums au compteur) a pris le parti de guérir la violence par l’humour, la poésie et une bonne dose de provocation, comme sur le titre Mono Loco, qui tourne en dérision un narcotrafiquant.
« Les membres de Puerto Candelaria sont nés dans les années 1980, les plus violentes, celles de l’apogée du narcotrafic, raconte Eduardo, dont les moustaches ont été remplacées par une belle barbe broussailleuse. Mais on est passé de la peur à l’espoir, et le groupe fait partie de ce processus ». « Nous convertissons toute cette violence en joie, en blagues… Les mots et la musique sont nos armes », complète Magaly Alzate (« Maga la Maga »). En concert partout en France cet été, ces joyeux drilles sortiront un nouvel album à la fin de l’année. On peut déjà danser sur le single Crazy Party – en apprendre les paroles, c’est une autre paire de manches.
-> En concert à L’Ermitage le 8 juillet, et en tournée en France en juillet-août (toutes les infos ici)
Maïte Hontelé, la magie de la salsa old school
Son physique détonne, dans le studio de Merlin Produccion, son label indépendant situé dans le centre de Medellín. Grande blonde aux cheveux courts, Maïte Hontelé aurait du mal à se faire passer pour une Colombienne. Mais on oublie complètement ce détail quand elle souffle dans sa trompette. Arrivée dans « la ville au printemps éternel » il y a huit ans, elle ne l’a plus quittée depuis. Par amour pour la musique latino-américaine, et pour le pianiste de Puerto Candelaria, Juancho Valencia, son compagnon. « Je suis arrivée ici : une blonde, hollandaise, qui joue de la salsa… Le public latino-américain aurait pu me rejeter, mais il m’a ouvert les bras ! », raconte-t-elle avec émotion.
Après cinq albums, et une nomination aux Grammy Latino dans la catégorie « meilleur album de salsa » en 2014 pour Déjame Así, elle sortira en octobre Cuba Linda, enregistré à Cuba en collaboration avec le label Egrem. Un accomplissement pour elle :
« C’est le plus grand projet de ma vie. En mai, on a passé onze jours avec l’équipe cubaine et colombienne, pour l’enregistrer. Chaque morceau est fait avec un invité spécial de haut niveau, comme Issac Delgado, Roberto du groupe Los Van Van, Orquesta Aragon, Vicente García qui vient de République dominicaine, Goyo, la rappeuse de ChocQuibTown, le producteur et chanteur cubain Alain Perez, etc. C’est l’album dont je rêvais depuis petite. Dans une carrière, on fait des petits bonds. Là c’est un saut très important. »
Sa prochaine tournée en France est attendue pour 2018.
Ghetto Kumbé, la house psyché des caraïbes
Cette année les Eurockéennes se mettent au diapason de l’année France-Colombie, en présentant le meilleur de la scène alternative colombienne, du 6 au 9 juillet. Parmi les groupes au programme – avec El Freaky, Diamante Eléctrico ou encore Systema Solar -, la techno-house caribéenne de Ghetto Kumbé promet de faire son effet.
Le trio, issu de la côte caribéenne de la Colombie, mêle beats du futur et racines rythmiques traditionnelles des Caraïbes. « Il est important de montrer nos racines, d’où l’on vient, et de continuer à faire exister ces rythmes », expliquait au Tiempo Edgardo Garcés ‘Guajiro’, un des trois membres du groupe. Pour définir cette musique, il évoque un « mélange du noir, de l’indien, du tambour, des gaitas (flûtes traditionnelles des Caraïbes) et d’autres rythmes ». Les instruments utilisés par le trio témoignent de cet attachement aux racines : le djembé de Chongo, le tambour africain de Keyta, et les beats futuristes de Guajiro forment un ensemble sonore aussi original que planant, comme on peut le constater sur leur premier single sorti en 2015, ChilaKile. A découvrir d’urgence en live.
-> En concert le 8 juillet au Sucre (Lyon) et le 9 juillet aux Eurockéennes.
Meridian Brothers, le laboratoire génial des musiques tropicales
On avait découvert Meridian Brothers en 2012 avec l’album Desesperanza (leur quatrième, déjà), et on s’était pris une claque. Le groupe du génie Eblis Alvarez (guitariste, chanteur et producteur, membre du groupe Los Pirañas) revient le 8 septembre avec un nouvel album, ¿Dónde Estás María? (Soundway), dont le premier extrait aux sonorités andines promet l’exploration de nouveaux territoires sud-américains :
¿Dónde Estás María? by Meridian Brothers
Comment définir l’ADN du groupe ? Comme un joyeux mélange de musiques traditionnelles poussées et de dadaïsme latino, en constante évolution. En 2012, Eblis Alvarez nous confiait que les Meridian Brothers était son « laboratoire personnel, là où j’exerce mes expériences les plus osées ». Sa recette ne semble toujours pas avoir changé : « C’est comme ça que je sais qu’un morceau est bon : quand je me jette à terre et que je me tords de rire en l’écoutant. » On se marre toujours autant.
-> Le groupe se produira le 24 septembre au Musée du Quai Branly, et Eblis Alvarez participera à une collaboration spéciale – « El Gran pájaro de los Andes » – avec Mateo Rivano, Pedro Ojeda et le Quatuor à cordes de l’ensemble Le Balcon, au Théatre de l´Athénée, le 6 octobre.
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