Amp, pas The Amps. Ou comment l’Angleterre réalise que le 4-pistes peut être un bon révélateur de couleurs. Lorsqu’il fait gris dehors et que le temps refuse de se faire oublier, Richard Amp s’absorbe dans la contemplation d’un infini ou deux. Partisan de l’innovation technique à rebours, il se sert d’un vieux 4-pistes et le […]
Amp, pas The Amps. Ou comment l’Angleterre réalise que le 4-pistes peut être un bon révélateur de couleurs.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Lorsqu’il fait gris dehors et que le temps refuse de se faire oublier, Richard Amp s’absorbe dans la contemplation d’un infini ou deux. Partisan de l’innovation technique à rebours, il se sert d’un vieux 4-pistes et le fait passer pour un studio high-tech à force de multiplier échos et strates. A deux pas de chez lui, chez d’autres activistes de la lo-fi de Bristol, il engage divers membres de Flying Saucer Attack et Crescent, découvre Karine C (normal, après Dominique A et Agnès B), une sirène française de passage pour l’accompagner lors des longs ballets vocaux qui survoleront l’album. Car Richard Amp entreprend un voyage dans les contrées du rêve, vers des sommets sur lesquels ni Slowdive ni Seefeel n’ont jamais posé les pieds pour cause de jambes trop courtes, là où AR Kane et Cocteau Twins ont trop souvent pris le mauvais virage. L’espace dans lequel Amp évolue est ainsi parallèle à celui de Labradford. Mais là où les Américains sûrs d’eux savent tracer un chemin uniforme le long d’autoroutes intérieures, la machine s’emballe souvent dans ce Sirènes. Ainsi, ces Eternity et Matilda, sorte d’essais techno-jungle qui finissent engloutis sous des trombes de guitares et de vocalises irréelles. Puis tout tombe en panne, ça laisse du temps pour contempler le paysage et sonder le vide. Alors on meuble avec quelques symphonies statiques, un piano façon Providence de Sonic Youth. Quand le temps est venu de faire les comptes, on s’aperçoit que ce Sirènes recèle autant d’images et d’impressions que le Maxinquaye de Tricky. Mais là où Tricky tourne son film en Technicolor, la musique d’Amp est beaucoup moins palpable. Les échos repoussent l’action au niveau de la ligne d’horizon, ainsi la peur de manquer quelque chose étreint parfois. Mais Amp nous rappelle que le flou artistique et l’imprécision calculée ont aussi leur charme.
{"type":"Banniere-Basse"}