C’est logique : après le monde du rock, c’est l’univers de la techno et ses affiliés qui subit le poids des ans. Si on ne fera pas forcément partie de ceux qui décernent une prime à l’ancienneté, il faut quand même reconnaître à certains musiciens du flair, de la persévérance dans la qualité. Dego McFarlane […]
C’est logique : après le monde du rock, c’est l’univers de la techno et ses affiliés qui subit le poids des ans. Si on ne fera pas forcément partie de ceux qui décernent une prime à l’ancienneté, il faut quand même reconnaître à certains musiciens du flair, de la persévérance dans la qualité. Dego McFarlane a été l’un des pionniers de la jungle anglaise avec Goldie ou Grooverider ; au sein des 4 Hero, il a lancé nombre de pistes, obscures ou lumineuses, viables ou trop hermétiques, mais toujours personnelles. On savait que dans son apprentissage musical, outre la techno de Detroit, le hip-hop avait joué un rôle important, emportant un Dego encore jeune dans un tourbillon d’énergie qui a servi de stimulus à ce vorace de sensations. En 96, Dego s’était essayé au hip-hop atmosphérique sur le premier album de Tek 9, ce It’s not what you think it is!? plutôt concluant sur la forme, moins sur le fond. A l’époque, on sentait derrière les manettes plus d’habileté que d’émotion, le tout virant à l’exercice, au sans-faute dénué de passion et de frissons. Tek 9 revient avec Simply, beaucoup plus pertinent et achevé, loin du compromis tiède passé. Au lieu de jouer égoïstement sa propre carte, Dego privilégie les joies du collectif et se met au service d’une dizaine de rappeurs qui habitent plus qu’ils ne visitent ce disque, lui donnant urgence et présence. De Opio (des Souls Of Mischief ) à What What , Dego s’est entouré d’une équipe mixte de fins bretteurs qui paraissent vouloir en découdre férocement avec ses beats hachés et secs. Volontairement dénudé et minimal, Simply revient aux sources du hip-hop en donnant la priorité à la rime et à la simplicité , mais cette délicieuse saveur old-school notamment sur l’enthousiasmant Stand clear ne doit pas cacher le talent de mise en scène du maître d’oeuvre. Derrière l’apparence de morceaux aux atours modestes, c’est une science du rythme que l’on perçoit, une facilité à produire des grooves digitaux tranquilles et entraînants Seven days ou Teknology. Si Right position possède indéniablement un lien de parenté avec le meilleur des regrettés A Tribe Called Quest, ce disque constitue une tentative probante d’allier rap et technologie, comme sur 2001 et son gimmick entêtant. Derrière ses apparences purement récréatives et festives, il ouvre timidement mais avec talent une nouvelle voie pour le hip-hop.
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