Mis à part The Streets, on ne voit aujourd’hui guère de contemporain comparable à Dizzee Rascal, d’autre figure qui soit autant en prise avec la matière même des années 2000. Pour autant, les musiques et les textes de chacun explorent des facettes différentes de la même réalité, parfois contradictoires, souvent complémentaires. Tandis que, armé d’un […]
Mis à part The Streets, on ne voit aujourd’hui guère de contemporain comparable à Dizzee Rascal, d’autre figure qui soit autant en prise avec la matière même des années 2000. Pour autant, les musiques et les textes de chacun explorent des facettes différentes de la même réalité, parfois contradictoires, souvent complémentaires. Tandis que, armé d’un désarroi narquois et narcotique, The Streets narre le dés’uvrement de la vie urbaine au Royaume-Uni, Dizzee Rascal, lui, écrit des textes beaucoup plus introspectifs, dans lesquels il se dissèque de toutes parts. Aux nouvelles réalistes de The Streets, il oppose, implicitement, des vignettes biographiques, violentes, féroces qui, mises bout à bout, racontent les chutes et l’ascension d’un gamin noir amoureux de musique, avide de réussite et de reconnaissance. En ce sens, Showtime, son nouvel album, est une réussite encore plus complète que le précédent.
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Après avoir vendu plus de 250 000 exemplaires de Boy in da Corner, Dizzee a remporté le Mercury Prize, l’une des plus prestigieuses distinctions musicales anglaises. De quoi faire passer n’importe quel irréductible pour un vendu notoire. Du coup, Showtime est en grande partie un commentaire sur la fulgurance du succès. Ambivalent, l’album laisse une part tant à la peur de son auteur d’être désavoué par ses premiers fans (le morceau Respect Me) qu’à la saveur indéniable du succès. Sa reprise du morceau de Captain Sensible, Happy Talk, rebaptisé Dream, est en ce sens un vrai mélange de pop sucrée, de soul futuriste et de hip-hop expérimental, dont les paroles sont un commentaire drôle et adroit sur sa condition singulière d’artiste heureux. Surtout, Dizzee Rascal semble avoir profité de sa renommée pour explorer plus en avant toutes les possibilités sonores et musicales. Loin d’être une fade suite, Showtime raffine la matière de son prédécesseur, pousse un peu plus loin la fission, ne fait surtout pas de compromis ni de messes basses. Le titre résume bien le disque et l’avenir de Dizzee Rascal : pour lui, le spectacle ne fait que commencer.
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