Adorable A.D.O.R. Avec un premier album tissé par de fines mains, ce New-Yorkais est l’une des meilleures nouvelles hip-hop de l’année. Longtemps qu’on a appris à reconnaître ce sentiment unique de jouissance et d’empathie mêlées, celui que procurent instantanément les classiques en puissance de notre panthéon personnel. Shock frequency est de ces albums dont on […]
Adorable A.D.O.R. Avec un premier album tissé par de fines mains, ce New-Yorkais est l’une des meilleures nouvelles hip-hop de l’année.
Longtemps qu’on a appris à reconnaître ce sentiment unique de jouissance et d’empathie mêlées, celui que procurent instantanément les classiques en puissance de notre panthéon personnel. Shock frequency est de ces albums dont on tombe amoureux à la première écoute et dont on ne se lasse pas. Une rareté dans le hip-hop ces derniers temps. A.D.O.R n’est pourtant ni le chantre de la dernière hype en date, ni un MC bardé de prestigieuses prestations chez la concurrence, pas plus qu’il n’effectue un pas de géant dans le monde du rap. Ce New-Yorkais d’origine dominicaine ne fait modestement que célébrer le hip-hop tel qu’on l’entend, mais c’est déjà beaucoup. Revers de la médaille : le bond en arrière auquel il nous convie, tant son disque renvoie aux splendides productions réalisées à l’aube de la décennie par Pete Rock ou Diamond D, tous deux aux manettes ici sur une moitié de titres. Pourtant, rien ne serait plus injuste que de dédaigner un tel joyau pour son anachronisme, tant une régression de qualité (on ne parle pas de l’actuel revival old-school et des écoeurants remixes auquel il donne lieu) vaudra toujours mieux qu’une de ces piteuses « avancées » sonores nourries au sirop et au pillage de vieux tubes. Dans le circuit depuis des lustres et victime comme tant d’autres d’inextricables casse-têtes contractuels sans compter le vol pur et simple de son One for the trouble pour le hit dance Renegade master de Wildchild , A.D.O.R peut se targuer d’avoir été longtemps un des secrets les mieux gardés du hip-hop : son premier single Let it all hang out, ici présent, est un hymne culte pour une poignée d’initiés depuis 1992. Six ans plus tard, c’est-à-dire un siècle au cadran frénétique du rap, ce titre qui n’a pas pris une ride prouve que les meilleures choses sont impérissables et que rien ne vaut la simplicité pour ficeler une pépite hip-hop. Nul doute que l’impressionnante collection de brûlots dans la même veine qu’aligne son premier album The Rush, The Kid is crazy, Shock frequency, pour ne pas tous les citer devrait rapidement rejoindre cette merveille pour la postérité. Hautement énergique, Shock frequency renoue avec le climat urbain tantôt optimiste, tantôt mélancolique qui ravissait tant à l’époque, combinaison imparable de lignes de basse musclées et de mélodies jazz et soul. Avec son phrasé versatile et son timbre juvénile haut perché, ce MC véloce aux rimes sans fioritures dresse dans l’urgence le portrait d’un de ces durs à cuire au coeur tendre nés du mauvais côté de la rue, là où l’ombre s’obstine à deux pas du soleil. Outre-Manche, le label Uppercut proche de Cup Of Tea, un bon signe ne s’y est pas trompé en adorant A.D.O.R et en lui servant de tête de pont en Europe, avant d’organiser pour lui des remixes par Rae & Christian (de la plate-forme hip-hop mancunienne Grand Central). Il était temps.
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