Figure emblématique du rock indépendant, Shellac, connu pour être le groupe (parmi d’autres comme Big Black et Rapeman) du producteur prisé Steve Albini, était de passage dans notre capitale le 26 mai dernier au Bataclan.
Serge Teyssot Gay, Cyril Bilbeaud et Marc Sens assuraient la première partie des Américains sous leur projet Zone Libre, aussi hypnotique qu’intemporel.
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À 21h, Shellac monte sur scène sous l’applaudissement d’un public déjà conquis à sa cause. Steve Albini n’a pas l’ombre d’une attitude de rock star et ses deux compères n’ont pas l’air de porter davantage en égérie le star-system musical branché du moment. Guitare Stratocaster en main, lunettes discrètes, jeans troués et t-shirt noir d’une banalité absolue, le producteur de PJ Harvey, Dionysos, ou encore des Pixies, fait sonner son instrument de la même manière qu’il fait le succès des disques où il officie en tant que producteur. Accompagné du batteur Todd Trainer et du bassiste Bob Weston, Albini est en forme. La basse de Bob est grasse et dynamique, le son de Steve, métallique, et Todd martyrise ses toms et sa grosse caisse comme un fou dangereux.
Pour calmer le jeu, Bob demande au public de l’interviewer entre chaque morceau. Pas toujours pétris d’informations majeures ou de scoops absolus, les « sujets » posés sont plutôt à l’image de l’état d’esprit du trio : sans prétention et enjoués : « As-tu des animaux ? » lance au bassiste un fan des premiers rangs. « J’ai trois chats » répond l’intéressé. « Do you want to fuck with me ? » réagit un autre. « What ? répond l’air surpris Todd. « Oh no . But maybe later » termine – tœil rieur et le visage plein de malice.
Pendant près d’une heure et quart, le trio diffuse son rock noisy et brutal sans temps mort, brassant des titres de ses trois albums en démontrant par la même occasion ses prouesses techniques et sa maîtrise effarante de la cadence. À la fin du set, trois aficionados du groupe de Chicago montent sur scène pour terminer, dans une totale cacophonie, un solo de cymbales improvisé.
Shellac ne fait décidément rien comme les autres. Fidèle à son idéologie rock n’roll faussement je-m’en-foutiste, le trio prouve que talent et audace ne sont pas incompatibles.Vivement le nouvel album, Excellent Italian Greyhound, dont la sortie est prévue cette année.
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