C’est rare, la sombre Américaine sourit ; c’est pour mieux vous mordre. Critique et écoute.
Bien sûr, la colère : alors que ce bouleversant dixième album d’une fille de Floride trop souvent ramenée à un épigone du phalanstère PJ Harvey/ Patti Smith fait irruption, riche de ses tensions et rétentions, puretés suspendues et autres giclées crasseuses et électriques, on déplore que Shannon Wright reste l’un des secrets les mieux gardés de ce côté-ci du sens.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Et puis, la sérénité : après tout, la chanteuse, guitariste et compositrice, n’a que faire des mouvements de masse et des reconnaissances en cortège. Ainsi, la déflagration de Noise Parade, en ouverture, se goûtera les nerfs vrillés, et Mire, ballade en montagnes russes, s’entoure de trop de munificence élégiaque pour se plier aux attentes de la foule.
À moins que Wright n’apporte en concert – on en témoigne – une autre dimension à ce contraste entre pièces musculeuses et électriques, et une pénombre dans laquelle ne se tapit qu’à grand-peine une agressivité prête à éclore. Wright joue comme elle veut, jadis avec l’électronique ou avec Yann Tiersen, aujourd’hui avec le thème d’une cinématographie intime sur fond d’harmonium. Ce qui tombe bien puisque c’est exactement ce que l’on veut, aussi.
Christian Larrède
{"type":"Banniere-Basse"}