Un disciple de Leonard Cohen chante le crépuscule.
Sur la pochette, l’infatigable Ilya E. Monosov (il joue dans une demi-douzaine de groupes, dont les excellent psychédéliciens de Shining Path) semble avoir fumé des champs entiers du Rif marocain – “I’ll live my life without pain”, chante-t-il, et son regard anesthésié le confirme. Le geste est lent, ankylosé, mais pourtant toujours gracieux – l’album est produit (et parfois même joué) par le grand Greg Weeks du groupe Espers, un bienfaiteur de la guitare rêveuse.
Comme chez Leonard Cohen ou les Tindersticks, c’est donc au bord de l’abandon, sur le paillasson du grand sommeil, que chante cet Américain aux nostalgies russes. Le silence, avec son éloquence et sa classe, est donc le special guest marquant de cet album solennel mais tellement musical, et donc joueur et libre, qu’il échappe avec nonchalance à l’austérité, au spleen qui paralyse. En fin d’album, Ilya E. Monosov propose d’ailleurs ce titre plein d’espoir : Happy Song. “Je n’écrirai jamais une chanson joyeuse”, y marmonne-t-il.
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