Cool et absurde, le rock monstrueux d’excellents Normands.
Moins gesticulateur et braillard que d’autres officines, le label Loaf est pourtant devenu l’un des plus passionnants – car audacieux et imprévisible – laboratoires de Londres, tant soniquement que graphiquement. Amoureusement emballés, ses disques évoluent ainsi dans un triangle des Bermudes délimité sans grande orthodoxie par le folk, l’electronica et la pop. Ce triangle où il fait si bon perdre ses repères s’étend aujourd’hui jusqu’à la Normandie, où Loaf a recruté deux barbus et une barbare pour exploser un peu plus encore les murs de la honte qui tentent, c’est dérisoire, de maintenir les genres séparés. C’est avec une grande décontraction, une nonchalance rare dans le rock d’ici, où même la coolitude semble souvent bien engoncée et empruntée, que Gablé survole, sans jamais s’installer, des pans entiers de musique américaine plus ou moins déglinguée – le genre de disque qu’on rêve d’entendre, en basse fidélité mais haute fantaisie retrouvée, chez Beck. De Pavement au Dirty Dozen Brass Band, cet univers absurde est esquissé dès la première chanson, le sidérant Noone Knows Why, où une fanfare de cuivres donne le tournis (coti, tournicoton) à une sorte de folk-punk déséspéré, pour une des chansons les plus étonnantes entendues depuis des mois. Ailleurs, on entendra du jazz, de la pop, de l’electro-funk ou du hip-hop pareillement détournés, concassés, triturés, torturés – tous genres fondus et remodelés en une symphonie enfantine et joyeuse. “Monsterland”, dit une chanson. Jamais monstres n’auront eu visages si humains, si souriants.
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/// www.myspace.com/gableacute
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