Embardée solo et electro pour le leader des remuants Hunx And His Punx.
Fatigué de s’égosiller dans le garage rock sous le blason de Hunx And His Punx, Seth Bogart opère ici un virage electro-pop, cette fois sous nom de baptême. Cet ancien garçon coiffeur d’Oakland désormais réfugié sous le soleil toxique de Los Angeles aura passé deux ans à mettre au point ce nouvel album, avec le savant coup de main de Cole M. Greif-Neill (The Vaccines, Ariel Pink) à la production. Douze titres où le chanteur délaisse le rock primitif pour rendre hommage au panthéon de ses lubies pop d’adolescent : des Américaines de Le Tigre aux Anglais de Broadcast en passant par Kraftwerk.
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Le résultat ? Un mélange instable où des synthés putassiers percutent à toute vitesse des guitares dévoreuses, où des ballades crève-cœur se faufilent entre deux hymnes décérébrés. Car ce disciple de John Waters (jusqu’à la moustache pensif) ne recule devant rien, surtout pas devant le plaisir d’écrire une ode au lubrifiant intime tout en pastichant Donna Summer (Lubed). Un goût immodéré pour le gag et le kitsch qui ferait d’ailleurs passer notre homme pour une version gay et californienne de Philippe Katerine. Comme le Vendéen, Bogart a le charme du garçon lettré qui aime jouer au dernier de la classe, quitte à contrarier sciemment le potentiel tubesque de certaines compositions à grands coups de vocoder (Club with Me et son intro chapardée au Banana Salit de Lio).
Mais, même salopées, les mélodies catchy de Bogart collent à la semelle plus sûrement qu’un chewing-gum sur Hollywood Boulevard. Songwriter burlesque, Bogart chante l’adolescence (Barely 21), la téléréalité la plus bête (Eating Makeup, exécutée en duo avec la légendaire riot grrrl Kathleen Hanna et directement inspirée de l’émission de trash TV My Strange Addiction) ou le consumérisme américain, dont il s’amuse plus qu’il ne le dénonce. Mais c’est lorsqu’il tire la chasse sur ses histoires d’amour foireuses qu’il est au sommet de son art. A l’instar de ce Sunday Boy qui sonne comme une reprise low cost et infiniment triste de New Order. Alors certes, l’oiseau aurait pu soigner la forme. Mais comme disait l’autre, “le mauvais goût fait passer le temps plus vite”.
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