Inventif et versatile, ce trio incarne le rock américain le plus frondeur
Le succès planétaire de Nirvana puis le suicide de Kurt Cobain ont fait voler en éclats l’idéal indie-rock, ce contre-modèle économique, éthique et esthétique plutôt salvateur dans les années 80, mais de plus en plus ronronnant et étroit de la caboche dans les années 90. On peut s’en réjouir : n’étant plus sommé de se conformer à un dogme, le rock américain s’est à nouveau assumé en brouilleur de sons et en défricheur de pistes, comme au temps où de grands insurgés comme Tim Buckley ou Captain Beefheart montraient la voie (oblique) à suivre. Akron/Family figure aujourd’hui parmi les têtes de liste de ce parti du désordre. Touffue sans être brouillonne, versatile sans se réduire à une simple enfilade de références, la musique du trio colporte une parole parfaitement pensée et articulée, taillée dans une langue savante et rapeuse où s’entremêlent psychédélisme, afro-funk, freak-folk, expérimentations électroniques et dérapages improvisés. C’est aussi parce qu’ils sont capables d’édicter ce genre de programme poétique, associant la raison pure et le plus sauvage instinct, convertissant des constructions mentales tarabiscotées en gestes limpides, que les Etats-Unis peuvent légitimement renouer avec leur sentiment de fierté.
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