Après un premier album au titre assez sublime (Your Naked Ghost Comes Back at Night), mixé par le producteur norvégien Deathprod et enregistré en duo, On est devenu un trio, constitué par Sylvain Chauveau, dont on a déjà apprécié quelques disques aux résonances élégantes, Pierre-Yves Macé, auteur d’une poignée de beaux albums électroacoustiques, et l’Américain Steven Hess, qui a notamment enregistré avec Pan American.
A trois, ils explorent un univers sonore dont on aurait pu, à tort, croire qu’il serait abrasif et autiste, toujours aux limites du bruit ou de la complexité gratuite. Il n’en est rien, et c’est même l’inverse qui est à l’œuvre ici. Le disque est toujours aux limites de la délicatesse, de la mélancolie. Sa construction est tout en fragilité, notamment grâce à un travail très méticuleux au piano, dont les tonalités vibrent avec une minutieuse majesté, rare. Surtout, les trois musiciens créent un petit cocon sonore qui n’est pas uniquement enveloppant mais se développe graduellement, comme s’il tentait de narrer un conte onirique aux tonalités très impressionnistes.
Mais plutôt que d’asséner à l’auditeur un récit tout fait, prêt à mâcher, On fournit l’ossature d’une narration imaginaire : dans ce disque, les plus beaux moments sont bien ceux où l’esprit se laisse aller à la divagation, comble lui-même les trous d’air et construit en même temps que les musiciens une sorte de couche musicale supplémentaire. On, comme son nom l’indique, met en marche l’interrupteur sensoriel qui tout au long du disque ne fait rien d’autre que frémir, frétiller, bourdonner, délirer à plein régime, comme plongé dans une calme mais tourbillonnante atmosphère d’ivresse.