Pianiste moscovite, qui quitta l’Union soviétique en 1974 pour l’Europe (il vit aujourd’hui près de Paris), Valery Afanassiev s’est fait connaître par ses nombreux concerts en soliste et avec le violoniste Gidon Kremer. Romancier, il a publié plusieurs récits, dont Disparition (Seuil), La Chute de Babylone (Belfond), Lettres sonores (José Corti), journal “occidental” rédigé à […]
Pianiste moscovite, qui quitta l’Union soviétique en 1974 pour l’Europe (il vit aujourd’hui près de Paris), Valery Afanassiev s’est fait connaître par ses nombreux concerts en soliste et avec le violoniste Gidon Kremer. Romancier, il a publié plusieurs récits, dont Disparition (Seuil), La Chute de Babylone (Belfond), Lettres sonores (José Corti), journal « occidental » rédigé à partir de cassettes destinées à un ami de Moscou, et La Galerie des glaces (José Corti), confession hallucinée et pirandellienne d’un personnage qui tente de s’identifier à Louis II de Bavière.
S’il semble aujourd’hui quelque peu en retrait du piano (du moins en France, où on ne l’entend guère), c’est qu’il se consacre de plus en plus à l’écriture, la mise en scène de ses propres récitals et la composition Encore pour piano, magnétophone, plusieurs acteurs, une fillette et un petit chien. Il a cependant enregistré plusieurs disques mémorables d’oeuvres de Mozart (Denon, DG), Beethoven (DG) et Schumann (Denon), qu’on n’hésitera pas à rechercher.
Son disque consacré à l’une des trois « dernières » Sonates de Schubert appartient désormais au panthéon des interprétations magistrales du compositeur viennois, réalisées au cours de ces dernières décennies. Enregistrée en public, au festival Lockenhaus de son ami Gidon Kremer en juillet 1985, sa prestation n’a rien de très orthodoxe, comme il le confiait lui-même dans le texte de présentation qui a été ajouté à la réédition de ce disque (longtemps demeuré introuvable, car épuisé) : « Dégagés des automatismes inhérents aux tournées, favorisés par l’atmosphère musicale du festival, souvenirs, lectures et projets se sont fondus en une synthèse réjouissante qui, aujourd’hui encore, grâce au présent enregistrement, m’aide à faire revivre les images de cette nuit d’été, de la salle du château dans laquelle j’ai joué. Je crains seulement que ma sentimentalité congénitale ne me fasse passer un peu trop facilement sur les insuffisances de mon interprétation. » Qu’on se rassure, Valery Afanassiev joue cette musique comme personne ; elle lui appartient totalement. Et c’est justement dans ses hésitations, ses retenues envahies de silence, mais également dans ses échappées déroutantes, que Schubert se révèle à nous, céleste et enjoué, dansant et funèbre.
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