Le retour du sale gosse américain sur un album languide et racé.
Face à son ami Kendrick Lamar, ses rimes soignées et ses disques-concepts fumeux, Schoolboy Q figure le sale gosse, le gangster de la bande Black Hippy – à laquelle appartiennent aussi Jay Rock et Ab-Soul. Il insulte, rudoie et tire à boulets rouges sur la police et les candidats à la présidentielle en usant d’un verbe trivial qui lui évite circonlocutions inutiles et figures de style téléphonées.
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De fait, ce quatrième disque est une réussite, même si le rappeur arpente un terrain nouveau. Plus calme, il pose ses voix sur des terres jazzy et enfumées, alourdies de langueurs rythmiques, de samples diaphanes, d’harmonies lointaines. Epaulé par une poignée de grandes voix (E-40, Kanye West, Anderson.Paak, SZA, les immenses Jadakiss et Tha Dogg Pound), secondé à la console par Digi+Phonics, beatmakers du label TDE, mais aussi Kanye West, Tyler, The Creator ou Swizz Beats, il en tire une comédie racée, concise et parfaitement cohérente.
En effet, s’il manque ici les singles corrosifs qui habitaient son disque précédent (l’imparable Man of the Year sur Oxymoron), sa maîtrise du gimmick lui offre une vraie latitude pour imprimer à ses chansons, même les plus langoureuses, un volume plein d’entrain, une épaisseur réjouissante. Sans compter ce grain de folie qui agite constamment son flow, ouvrant la voie à une variété bluffante de cascades vocales allant du cri au chant en passant par l’imploration, la prière, le prêche.
On retient quelques fautes de goût, ces instants où le lascar se perd dans les même affres que son compère Lamar dont le dernier album, To Pimp a Butterfly, présentait son lot d’instants pénibles, de détours jazzy un peu patauds, mais ce Blank Face LP demeure une affaire rondement menée, inventive et variée. L’impeccable bande-son pour une soirée barbecue en bord de plage, pleine de joie, de weed et de culs rebondis.
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