Si l’acoustique fragile, la profusion d’instruments effleurés, la trompette rêveuse, la rythmique timide et la voix câline de Cane 141 rappellent Belle And Sebastian, ne pas se formaliser : les mêmes grandes causes perdues provoquent les mêmes effets chez ces Irlandais immédiatement reçus en amis intimes. Adolescent, près de Galway, Cane 141 écoutait Hüsker Dü […]
Si l’acoustique fragile, la profusion d’instruments effleurés, la trompette rêveuse, la rythmique timide et la voix câline de Cane 141 rappellent Belle And Sebastian, ne pas se formaliser : les mêmes grandes causes perdues provoquent les mêmes effets chez ces Irlandais immédiatement reçus en amis intimes. Adolescent, près de Galway, Cane 141 écoutait Hüsker Dü et Big Black : c’est dire que, même en pleine crise d’acnée sonique, le quatuor tissait déjà des liens intimes avec la mélodie. Quand il s’aperçut que le bruit électrique était une belle chose pas obligatoire, Cane 141 se mit à écouter le même genre de chansons, mais jouées avec une guitare sèche qui peut faire autrement plus de dégâts qu’une électrique, aux cordes barbelées. On ne dira jamais à quel point la découverte de Nick Drake ou des Go-Betweens vaut bien, sur l’échelle Richter des révélations déterminantes, la perte de la virginité ou les premiers pas sur la Lune. De cette rencontre avec le songwriting faussement classique, faussement rangé, Belle And Sebastian ou Cane 141 ne se remettront jamais. Ainsi, le ravissant Whiter I roam aurait pu se glisser dans le parterre pourtant très select des chansons du 16 Lovers Lane des Go-Betweens sans même se faire remarquer, parfaitement à sa place avec ses bonnes manières de vieux garçon, son songwriting patient et méticuleux. Une qualité rare dans la pop-music : le faux anodin, le faux plat qui scie les pattes, impose l’attention, s’approprie l’espace sans pourtant faire le moindre bruit. Les neuf chansons de Scene from 6 am s’imposent ainsi : du bout des lèvres, à pas feutrés. On les suivra à la trace.
Comme on suit déjà depuis quelques singles les exubérants et doués Spearmint. Il faudra passer outre le clinquant des arrangements, la grandiloquence des refrains, les comiques digressions disco ou Northern soul qui évoquent régulièrement un Pulp amphétaminé : le groupe du pittoresque Shirley Lee, à sa façon colorée (on n’échappe pas si facilement à une obsession pour Burt Bacharach), est lui aussi un fidèle serviteur de ce songwriting typiquement britannique et pourtant si éloigné des canons tristes imposés par le politburo brit-pop. Comme l’affirme l’espiègle Songs for the colour yellow : un songwriting en couleurs. Parfois même maillot jaune.
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