Un morceau par jour et un clip : découvrez le premier album de Scarlett Johansson, grand disque de reprises pop et vaporeuses de Tom Waits.
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Façonné par le grand producteur David Sitek (TV On The Radio), enregistré avec des membres des Yeah Yeah Yeahs ou de Celebration, Anywhere I Lay Me Head (lire notre précédent article à cette adresse), premier album de Scarlett Johansson et visite formidable des classiques de Tom Waits, est l’un des événements de l’année -doublé d’un très grand album.
Nous vous en présentons, tout au long de la semaine, 5 extraits commentés par leurs auteurs, ainsi qu’un clip : largement de quoi tomber amoureux de ce disque aux vapeurs soniques et futuristes.
Anywhere I Lay My Head
Scarlett Johansson : Anywhere I Lay My Head est le morceau-titre. De manière évidente, ce sont des chansons écrites par Tom Waits, à l’exception d’une, et je ne voulais pas appeler l’album Scarlett Chante Tow Waits ou quelque chose d’un peu niais comme ça. Il ne me semblait donc pas juste de créer pour le projet un nom qui n’ait aucun rapport avec Tom Waits, et ce titre m’a semblé tellement approprié –le reflet de ce qu’est le disque dans son ensemble. La chanson est une sorte d’hymne pour le disque : cette phrase, « Partout ou je pose ma tête, je vais appeler à la maison ».
David Sitek : Nous l’avons faite à la maison !
SJ : Beaucoup des textes de Tom Waits, les vers de ses chansons, sont rythmiquement bizarres et difficiles à chanter, et Town With No Cheer est comme cela. Pour comprendre comment les chanter, j’ai du prendre d’étranges notes et faire pas mal de gribouillis sur les textes dont je disposais, des écrits qui n’ont de sens que pour moi.
SJ : Dave nous a appris, belle nouvelle, qu’il nous restait de la place pour
une chanson de plus sur l’album. La base est un morceau que Dave avait écrit
il y a quelque temps, puis m’avait envoyé. On l’avait mise en veilleuse, en
attendant de voir si on allait avoir le temps. Et il s’est avéré qu’on a eu
du temps -entre 4 h 30 et 11 h 30 du matin, notre dernier jour de studio.
Je n’avais jamais réellement écrit de chanson avant. J’avais écrit des
poèmes, des nouvelles, et j’avais l’impression de ne rien savoir de
l’écriture de paroles pour une chanson. Dave m’a aidé à me demander pour qui j’écrivais. Puis nous avons tout mélangé dans une formule scientifique que
Dave et moi avons créé. Quand tu passes beaucoup de temps dans un endroit comme Maurice, en Louisiane, on devient très sentimental, et on a beaucoup
de temps pour soi. C’est un endroit somnolent, et il fait trop chaud pour
travailler pendant la journée. Trop chaud pour faire quoi que ce soit. Donc
tu t’assois et tu te mets à penser aux gens que tu as connus, aux relations
que tu as eues, et tu tombe dans l’introspection. On ne va pas se mettre à
regarder la TV quand on est dans un environnement comme celui-là. Tu
t’assois, et d’une certaine manière tu cuis. J’ai soudainement eu le
souvenir d’un moment très spécifique, et Dave l’a embrassé. La mémoire de
quelqu’un dont j’avais été très proche : une réminiscence vague et heureuse
de mon enfance facile, quelque chose comme ça. C’est une chanson à propos de l’amitié, je suppose.
SJ : C’est une chanson que j’ai tout de suite voulu faire quand j’ai conçu le projet. La Nouvelle Orléans est une ville dont les gens tombent amoureux, et je suis très sentimentale quand je repense aux moments que j’y ai passés. Et c’est une chanson très émouvante. Et avec tout ce qui s’y est passé, et le désastre avec lequel les gens doivent continuer de lutter, toute cette perte, cette dévastation. Je pense que c’est une belle chanson, à propos d’une autre époque de cette ville. DS : Sean Antanaitis est venu en Louisiane avec une boîte à musique. Il y a ces petites fiches cartonnées dans lesquelles on troue les notes que l’on veut jouer, puis on passe la fiche dans la machine, qui joue ce qu’on lui fait jouer. Et bien l’accompagnement de Wish I Was In New Orleans vient entièrement de cette boîte à musique. Il a collé 50 ou 60 de ces fiches en carton et y a percé quelque chose comme 380 000 trous. Puis il a accroché la boîte à musique à un morceau de bois, puis a accroché ce morceau de bois à une guitare, a branché le microphone, s’est assis et a joué la chanson entière.
SJ : Dave voulait vraiment faire cette chanson et nous avons essayé de plein de manières différentes. On l’a essayé tous ensemble, en groupe, moi chantant, on a essayé des tempos différents, des styles différents. Puis il a pensé à de la dance music, on partage un grand amour pour des groupes comme New Order, et le génie de Dave a éclaté. Il a commencé à expérimenter autour d’un beat dance, et tout le monde s’est dit « ouais, bon, pourquoi pas. »
DS : L’original est tellement brutal, avec plein de guitare, que je me suis dit que si j’essaiyais de faire ça de la même manière, j’allais me faire passer un savon par Tom Waits. Je suis resté debout toute la nuit en essayant de trouver une solution, puis j’ai abordé le problème en me demandant ce que ferait Bernard Sumner. Et il y avait un pont dans le morceau pour lequel j’avais besoin de quelque chose, et j’avais branché tous ces micros dehors. Donc je me demandais ce que je pouvais faire, je me demandais aussi ce qui se passait dehors. Et il y avait tous ces crickets, et ça sonnait comme une nuit, et c’était pour la partie qui dit « Quand je repose ma tête, la nuit venue » ; c’était assez synchrone pour que je conserve l’idée.
SJ : Quand on a finalement entendu ce que ça donnait, on bondissait tous dans le studio. Tout le monde était émerveillé de ce qui s’était passé.
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