Ça fait environ deux ans qu’on se gave de musique indie-dance-pop . Impossible d’ouvrir une gazette, une radio, une télé sans tomber un jour ou l’autre sur l’axe mancuno-liverpudlien. On en bouffe par tous les trous, au dîner, au souper, au petit déj. Aujourd’hui, la faute sans doute aux médias, c’est l’overdose de house, la […]
Ça fait environ deux ans qu’on se gave de musique indie-dance-pop . Impossible d’ouvrir une gazette, une radio, une télé sans tomber un jour ou l’autre sur l’axe mancuno-liverpudlien. On en bouffe par tous les trous, au dîner, au souper, au petit déj. Aujourd’hui, la faute sans doute aux médias, c’est l’overdose de house, la crise de foie du remix, les unes surenchères du NME donnent la nausée, on ne peut plus voir un Charlatan en peinture. Oh, tout ça n’est pas bien grave, la crise passera Mais cette semaine, on a besoin de jeûne, de diète, d’un changement de régime. Cet album de Green On Red tombe à pic, c’est exactement ce qu’on désirait maintenant, ce qu’on avait envie d’écouter prioritairement. Pour résumer grossièrement, du bon vieux rock américain des familles, celui qu’on avait quelque peu délaissé et qui justement, vu le contexte, fait aujourd’hui figure d’arrivage de première fraîcheur. Du réchauffé-frelaté, avanceront peut-être certains. Ce n’est pourtant pas Green On Red qui fait éclairer ses shows par un vétéran du Grateful Dead. Tout est dans le détail, la manière, la dose de vie et d’intelligence insufflée dans les vieilles recettes. Quand Dan Stuart et Chuck Prophet jouent du country, ce n’est pas le sirop d’orgeat pour mémères à bigoudis roses, ni les refrains redneck pour ratonnades du Klan. Ici, les guitares sont acérées comme chez Gillette, le groupe joue léger et nerveux, cette forte tête de Dan investit ses chansons comme une mauvaise teigne et les chante d’une voix de coyote dont les tripes auraient macéré des heures dans une cuve de moonshine. Quand il raconte l’histoire d’Hector qui sort juste du pénitencier et devient fou, ou celle de la donzelle qui adore tirer des coups’ de fusil (elle est amoureuse de sa pétoire), il préférerait choper la gale plutôt que de faire du moralisme à cinq sous. Dan Stuart ne s’apitoie jamais sur ses personnages, non’ Il déroule le film. Comme il connaît son Peckinpah et son Jim Thompson sur le bout des doigts, c’est un plaisir d’ouvrir la pochette pour suivre les paroles, chose qu’on n’oserait entreprendre avec le dernier Inspiral Carpets. Voilà un disque écoutable ailleurs que dans une boîte à 4 h du mat, un disque musicalement conservateur mais idéologiquement progressiste selon Dan Stuart lui-même. Appelons ça du Springsteen punk , du néo-western en CD’, du roman noir en cinémascope , de la régression rockiste si ça vous dit, mais profitons-en : c’est l’été, les vacances, les interstates de l’Ouest sont désertes et brûlées de soleil. On peut quitter un moment l’autoroute embouteillée Manchester-Liverpool, il sera toujours temps d’y revenir à la rentrée.
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