Troisième album en quinze ans pour l’oiseau solitaire et fantas(ti)que de la pop française, qui fait le grand pont entre l’indie et le mainstream.
Qui se souvient encore que Damien fit entendre sa voix en 2002 sur la compilation I Hear Voices de Record Makers, le label cofondé par Air, avant de faire paraître un premier album entièrement résumé dans son titre : L’Art du disque (2006) ? Car Damien Lecointe cultive l’art et la manière de l’aquoiboniste nonchalant. Volontiers cossard (trois disques seulement en quinze ans), aussi énigmatique que perfectionniste (il produit sa musique de la première note au mastering), le natif de Maisons-Alfort publie un album par décennie tout en s’évaporant du monde entre deux enregistrements.
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Sugar babies, transhumanisme et futurologie
On le croise parfois au bar ou en soirée, mais rarement sur scène – les concerts de Damien doivent se compter sur les doigts de deux mains. “Je me laisse vivre toute la journée parmi les fruits comme en été/C’est un plaisir des plus exquis de n’avoir rien d’autre à faire que de se laisser guider”, reconnaît-t-il d’ailleurs en introduction de Top, l’un des quatre singles envoyés en éclaireur depuis 2018.
Autant inspiré par les thèmes du transhumanisme (Upgrade) et des sugar babies (Business Angel) que par le futurologue Ray Kurzweil (Top), Damien chante le Sex-Appeal en duo avec son Eve dans une ballade qui rappelle Sébastien Tellier période My God Is Blue (2012), comme sur le morceau synthétique suivant, Queue de cheval, où il pointe la vulgarité esthétique de l’époque.
Après avoir dansé toute la nuit au Riverside, un titre rythmé par d’improbables flûtiaux, le chanteur barbu se lance dans une Interview cryptique : “Pour quelques vertiges, corridors de marbre, hôtesses vénitiennes/Je sers l’apocryphe au peuple de grâce comme un vin de messe.” C’est que Damien, en rejeton perché de Philippe Katerine, a plus d’un tour dans son sac, à la fois conteur futuriste, narrateur amoureux et chanteur fantas(ti)que de la pop française.
Satan & Eve Ultimisme
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