Rompant avec le glamour néo Cotton Club de Café Atlantico, son disque précédent (600 000 exemplaires), Sao Vicente di longe de Césaria Evoria ( Saint Vincent -île du Cap Vert dont elle est originaire- au loin ) s’ouvre effectivement au large, avec des séquences d’enregistrement effectuées à La Havane, Rio de Janeiro et Paris, et […]
Rompant avec le glamour néo Cotton Club de Café Atlantico, son disque précédent (600 000 exemplaires), Sao Vicente di longe de Césaria Evoria ( Saint Vincent -île du Cap Vert dont elle est originaire- au loin ) s’ouvre effectivement au large, avec des séquences d’enregistrement effectuées à La Havane, Rio de Janeiro et Paris, et la liste des musiciens invités y est à la fois prestigieuse et cosmopolite – comprenant notamment Caetano Veloso, Chucho Valdes, Orquesta Aragon, Pedro Guerra et l’arrangeur brésilien Jacques Morelenbaum. Pourtant son essence n’échappe pas au « petit pays » dont ces photos célèbrent l’indéfectible attache. La morale de ce disque, c’est que la fuite- comme les honneurs- sont illusions. Cesaria en fait d’instinct la démonstration qui du succès obtient les moyens techniques, humains et géographiques d’un renouvellement tout en veillant à ne rien changer au fond. Sur ce 8ème album studio, elle évite simplement le péril d’un certain académisme, trempant ses rythmes fétiches que sont la coladeira (Nutridinha, Pic Nic na Salamansa, Esperanca irisada) et surtout la morna (le sublime Crepuscular Solidao) dans les eaux d’une créolité élargie au Brésil et à Cuba. Elle s’amuse de ces écarts de langages musicaux que sont Linda mimosa, suranné comme un danzon, ou Bondade e maldade, vague mélange de country, de gospel et de morna, pour mieux revenir aux langueurs océaniques, à cette musique rêveuse et charnelle dont son archipel chéri demeure l’indéchiffrable alambic. Sao Vicente di longe se boit comme une liqueur d’oubli. Elle enivre ceux qui y cède, mais ne saurait les affranchir du temps et des blessures de la vie.
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