Porté par les singles “High Priestess” et “Shake”, le nouvel et éclectique album de l’Américaine sort sur son propre label, Little Jerk Records.
“A blessing and a curse”. C’est avec ces mots que nombre d’artistes contemporain⸱es ont décrit la pandémie. Une malédiction, parce que l’arrêt brutal des scènes, l’impossibilité de nouer du lien avec son public, l’interdiction de créer en dehors des frontières de son domicile. Mais une bénédiction aussi, malgré tout, car ce temps mort forcé a également permis de donner vie à des œuvres inédites que seuls la patience, l’isolement et l’introspection permettent d’inventer.
Santi White, alias Santigold, participe de ce phénomène. Baptisé Spirituals, son nouvel album a majoritairement été conçu pendant le confinement, lorsque la chanteuse, rappeuse et productrice de Philadelphie, enfermée chez elle, a opéré une reconnexion nécessaire et urgente à ses sentiments enfouis.
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Un écho prégnant aux “negro spirituals” et au mouvement Black Lives Matter
Le nom et le concept de ce projet s’inspirent des “negro spirituals”, ces chants emplis d’espoir créés par les esclaves noir⸱es pour transcender leur soif de justice et de liberté (et qui feront naître le gospel) : tout en parlant des difficultés à vivre dans le monde moderne, Spirituals nous exhorte à rêver d’horizons nouveaux – à élever nos âmes.
C’est ce que l’on ressent dès les premières minutes avec Nothing. Conçu en écho au mouvement Black Lives Matter, ce titre explore le sentiment d’invisibilité éprouvé par Santigold en tant qu’artiste et femme noire. Sur High Priestess, elle célèbre sa toute-puissance artistique, qu’elle a parfois eu l’impression de perdre. Un peu plus loin, sur Shake, elle évoque avec entrain le pouvoir véritable de la résilience humaine, se faisant le témoin de son époque et de son parcours personnel. “Ce disque parle de la multi-dimensionnalité de l’être – transformation, transcendance et évolution”, précisait-elle dans un communiqué.
D’où la pluralité des sonorités que l’on y retrouve, et qui illustre parfaitement cette large palette d’états émotionnels. Plutôt indie pop à son ouverture, Spirituals nous entraîne rapidement vers des contrées punk (High Priestess), funk (Shake), afro-caribéennes (No Paradise) et électroniques (Aint Ready), façonnées aux côtés des producteurs Boys Noize, SBTRKT, Dre Skull ou encore Illangelo.
Une liste éclectique, mais peu étonnante, quand on sait que l’Américaine de 45 ans, toujours en quête de renouveau, compte parmi ses nombreux⸱euses collaborateur⸱trices des personnalités aussi disparates que Tyler, The Creator, Amadou & Mariam, Beastie Boys et Lily Allen.
Spirituals (Little Jerk Records/Modulor). Sortie le 9 septembre.
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