Depuis l’Arizona, cet expatrié cajole la chanson douce.
Le temps d’un disque, certains musiciens français se paient un voyage à Tucson pour se déguiser en cow-boys et humer l’air poussiéreux du Far West. Naïm Amor, lui, s’est installé dans la capitale de l’Arizona pour réaliser un autre rêve, qui ne serait pas qu’américain. Depuis une dizaine d’années, l’ex-Parisien tue élégamment le temps en donnant naissance à des musiques flâneuses, inspirées par les perspectives ouvertes du désert et teintées par la nostalgie de son pays d’origine. Amor a quitté la France, mais il l’aime encore. Comme tous les expatriés, il a le cœur grand et la mémoire longue. Empruntant son titre à une aubade du divin duo Prévert-Crolla, Sanguine convoque ainsi l’esprit et la lettre raffinés de cette chanson française qui, dans les années 50, s’effeuillait au son de notes azurées, imprégnées par le bleu de la Méditerranée et de l’harmonie jazz. Les chansons d’Amor, immense guitariste, mélodiste et arrangeur, rendent hommage à ce patrimoine un peu oublié. Elles évitent pourtant l’écueil de la carte postale sépia, grâce à une mise en son pleine de souffle et à la présence de sparring-partners de luxe (dont les duettistes de Calexico), capables de transformer la moindre note en poème. La voix du Français n’est certes pas toujours à la hauteur de ses compositions ; mais ses maladresses ne brisent pas le charme d’un album qui donne un beau coup de frais à la tradition de la chanson douce.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}