Cette semaine, le saxo prend sa revanche chez le Parisien SAINT DX et l’Angevin VEDETT. Le groove inné du trio TEEERS nous redonne des couleurs, la bande originale inspirée du film Tueurs réunit tous les cadors du RAP BELGE et la belle SCHERAZADE sème le trouble.
Avant de les retrouver sur scène dans leurs habits de lumière à l’occasion de notre Super Pool Party de Noël (le 14 décembre aux Bains, à Paris), deux jeunes espoirs français se sont distingués cette semaine sur nos platines. Le premier, Saint DX, n’est pas tout à fait inconnu au bataillon. De son vrai nom Aurélien Hamm, ce multi-instrumentiste est en fait la moitié d’Apes & Horses, un duo qui nous avait offert de réjouissantes odyssées electro-pop avant de disparaître dans la nuit. Apes & Horses n’est plus, vive Saint DX. Le Parisien revient en solo, son pseudo rendant hommage “au synthétiseur Yamaha DX7 et à la synthèse FM qui inonde la musique et l’esprit des années 80-90”. Avec son premier single, Regrets, Aurélien pose les bases d’une nouvelle ère, toujours aussi planante et introspective (fondamentalement marquée par le piano du prodige japonais Ryuichi Sakamoto) mais bien plus incarnée et en phase avec la génération qui l’a vu grandir. Il ose ainsi pour la première fois l’usage du français et on retrouve dans ses compositions synthétiques alanguies, très 80’s, un clin d’œil à peine masqué aux BO d’Eric Serra (Subway, Le Grand Bleu). Quant au saxophone, dont joue Adrien Soleiman, jugé autrefois ringard, il retrouve ici ses lettres de noblesse et ajoute une bonne dose de sensualité.
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Seconde bonne pioche de la soirée Inrocks Les Bains, le trio Teeers, adoubé par la maison de qualité Gum (Woodkid, The Shoes). Dans la digne lignée des Australiens de Parcels, cette bande-là nous prouve qu’elle a un sens inné du groove avec son tout premier single, Get out, réalisé par Séverin et Pierrick Devin (aux manettes du dernier Phoenix). De Teen (“ado”) à Tears (“larmes”), les références adolescentes et anglophiles ne manquent pas chez cette joyeuse troupe de trublions. Victor, Clément et Odilon n’ont qu’une idée en tête depuis leurs 12 ans : vous faire onduler du bassin, et on peut dire qu’ils s’en sortent jusque-là plutôt bien.
https://www.youtube.com/watch?v=_jw-nh4hyDE
Dans un registre plus sombre cette fois, on retrouve l’Angevin Nerlov, à la tête du projet VedeTT, signant un nouvel ep remarquable, Losing All. Ce disque fait suite à un premier long format, Tuer les gens (2015), d’où émanaient déjà fatalisme et pop noire, tout en saluant un mentor de la chanson : Etienne Daho. VedeTT continue de nous épater avec quatre nouveaux titres qui mêlent shoegaze, post-rock et garage, constituant un ouvrage dérangé, entre cordes fiévreuses (It Seems to Be Natural) et saxo sensible (Eyes).
Pas une semaine sans que la scène rap belge ne fasse parler d’elle. Et ce numéro ne fait pas exception. S’inspirant du long métrage Tueurs – qui raconte l’épopée de l’ex-hors-la-loi François Troukens (figure du banditisme belge dans les années 1990) –, la compilation du même nom rassemble douze titres inédits signés par la crème de la scène hip-hop du plat pays, brillamment produite par Animalsons (Clément Dumoulin). Bande originale fantasmée et motivée par la sortie du film, elle reproduit à merveille son époque et l’hyperactivité des rappeurs belges, invitant le trio infernal Damso, Roméo Elvis et Hamza, la jeune MC Coely, le flow dément du Flamand Zwangere Guy, sans oublier Isha de retour après une longue et chaotique traversée du désert.
La Belgique n’en finit plus de briller, cette fois dans le cœur de la chanteuse Schérazade, qui s’attaque au répertoire de Damso en reprenant seule au clavier – et dans un registre bien plus sensible et féminin – son fameux Mosaïque solitaire. Cette cover s’accompagne de la sortie de son nouvel ep Pink Flamingo (en hommage au film culte de John Waters), un disque nocturne et aussi mystérieux que la demoiselle parisienne, à la voix obsédante et sensuelle.
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