What’s inside of me (“Qu’y a-t-il à l’intérieur de moi ?”) : cette question tremblante écrite à la main sur un papier et filmée par la caméra de Sadie Benning occupe tout le champ de l’image, traverse tous les films vidéo de l’artiste américaine. Sexualité, hantises, peurs, désirs, fictions amoureuses, ses films constituent une sorte […]
What’s inside of me (« Qu’y a-t-il à l’intérieur de moi ? ») : cette question tremblante écrite à la main sur un papier et filmée par la caméra de Sadie Benning occupe tout le champ de l’image, traverse tous les films vidéo de l’artiste américaine. Sexualité, hantises, peurs, désirs, fictions amoureuses, ses films constituent une sorte de journal intime, le recueil haché et visuel de ses amours adolescentes. Et toujours cette image vidéo qui vacille d’un sujet à l’autre, incapable de se fixer, et dont le tremblement trahit l’instabilité de la personne et de l’âge. Car Sadie Benning n’est pas seulement l’étoile noire, dépressive et déprimante, de la vidéo contemporaine, elle n’est pas seulement une égérie underground des lesbiennes et autres « bad girls », elle est également jeune, très jeune. Née en 1973 à Madison, vivant actuellement à New York et Chicago, elle a commencé ses premiers films à l’âge de 16 ans. C’est précisément l’une de ses premières oeuvres que montre le Printemps de Cahors, A Place called Lovely, petit film de 15 mn à peine, tourné dans et depuis sa chambre d’adolescente et où elle évoque la sortie de l’enfance. Elle tourne d’ailleurs avec une caméra-jouet, une Fisher-Price offerte quand elle avait 15 ans par son père, le cinéaste expérimental James Benning : un jouet qui lui ressemble et qu’elle est en train de faire passer à l’âge adulte. Vu au travers de la fenêtre ou du petit écran, le monde au-dehors de la chambre est une Amérique violente. Alors on reste là au plus près de soi, dans l’instabilité et l’inquiétude. Sur la cassette vidéo éditée par bdv, deux films lui succèdent et marquent l’évolution de la jeune Sadie Benning vers une homosexualité militante à force d’être montrée et vue, déclarée avec si peu d’hésitation et autant de trouble. Suis-je caméra ou jouet, hétéro ou homo ? La Fisher-Price est devenue femme. On peut maintenant la ranger dans le coffre à jouets.
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