Ce second album machinesque déroute tout en restant fidèle à l’image sonore de son concepteur, entre poésie épique et réflexion existentialiste.
C’est peu dire qu’on attendait de pied ferme la nouvelle proposition de l’homme à tout faire Woodkid, à la fois chanteur, auteur, compositeur, réalisateur de clip et directeur artistique. Depuis plusieurs années, on le voyait évoluer au loin, comme s’il se préservait du succès rencontré à la sortie de son premier lp, The Golden Age (2013). Avec S16, il ne risque pas de soulever le même engouement, et c’est sans doute le but recherché. Se rapportant au numéro et symbole chimique du soufre, le titre annonce d’emblée que le disque ne sera pas forcément facile d’accès.
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Pourtant, il s’agit bien de pop, portée par la voix à la fois traînante et chaleureuse de Yoann Lemoine. Mais c’est aussi un album exigeant, qui verse dans l’indus (du point de vue sonore) comme dans les sciences (dans son inspiration textuelle), au sens large, de la (méta)physique à l’écologie. Cependant, S16 est peut-être plus personnel encore que son prédécesseur, revenant sur les doutes de son auteur, ses failles et son angoisse, ses passions (Drawn to You, So Handsome Hello) et ses convictions humanistes (Goliath, Minus Sixty One)… Nombriliste ? Pas vraiment.
Une multitude de petites machines et d’instruments bizarroïdes
C’est du collectif qu’est né S16. Dans un premier temps, en 2018, au festival PEOPLE organisé à Berlin, où Woodkid a pu écrire et jouer avec Justin Vernon ou Feist. Puis en en studio avec ses amis musiciens : Vladimir Cauchemar, Tanguy Destable (alias Tepr), et Ryan Lott de Son Lux, avec lequel il a façonné l’architecture de plusieurs morceaux.
S16 a été enregistré entre Paris, Berlin, Los Angeles, l’Islande et Londres, aux studios Abbey Road, où les arrangements XXL ont été assurés par la très douée Sally Herbert. Ici et là, la chorale enfantine et japonaise Suginami Junior Chorus apporte une fraîcheur bienvenue à cette mélancolie traversée, envers et malgré tout, d’élans épiques. Quand le grand rouage organique du monde rencontre une multitude de petites machines et d’instruments bizarroïdes, cela peut parfois déranger, mais aussi émouvoir – en témoigne In Your Likeness.
S16 Barclay/Universal
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