Colorée et nourrie aux qutre coins de l’Empire, la pop anglaise de Mattafix ne sent pas la britpop.
La pop anglaise est merveilleuse. La croit-on exsangue : elle décroche de nouvelles couleurs aux souks de son passé colonial. On la pense vidée de substance, aux limites du coma futile : elle monte au créneau des bonnes causes requinquer son honneur. Enfin, la pop anglaise est fine diplomate. Grâce à elle, le Nord mène un dialogue constructif avec le Sud, et l’Occident regarde enfin l’Orient sans penser à mal. Le duo Mattafix, de l’expression antillaise “tout roule !” (“matter fixed”) fait depuis deux albums étalage de ces vertus et bontés diverses. Mieux, il les personnifie avec d’un côté un Marlon Roudette, joueur de steel drum originaire de l’île de St. Vincent (West Indies), et de l’autre un Preetesh Hirji, informaticien issu d’une famille indienne (East Indies) installée à Londres. Leur musique se lit comme la notice d’un complément vitaminique où le zinc, le fer et le magnésium seraient remplacés par le ragga, le rap et la musique zouloue, avec de l’electro en guise d’excipient. N’empêche, ça fout la pêche. Les premiers jours du moins, car après, gare aux effets laxatifs indésirables. Et puis Marlon a une si jolie voix, celle d’un ange perché sur le toit d’un bidonville (Memories of Soweto). En outre, avec son tout nouveau single et clip, Living Darfur, tourné sur place dans un camp de réfugiés, le binôme rejoint Paris Hilton, partie au Rwanda redonner du sens à sa vie, au rayon des célébrités compatissantes. On peut toujours se dire que cet humanisme un peu benêt (voire Benetton) ne pisse pas loin. Ok. Mais en attendant, ça arrose quand même les géraniums de la bonne conscience sur le balcon de nos lâchetés.
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