Le Chicagoan livre un troisième album aux allures de quasi-classique.
Difficile de parler d’album de la maturité pour un chanteur âgé d’à peine 27 ans, quand bien même Ryley Walker, peu concerné par les choses de son temps, s’inspire avant tout d’une époque où Tim Buckley et Van Morrison repoussaient les limites du folk aux confins d’un jazz baroque et exalté.
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On a fait la connaissance de ce Chicagoan en 2014, avec un premier effort (All Kinds of You) un peu vert, mais époustouflant de virtuosité, Ryley Walker s’avérant un guitariste de la trempe de ses héros, Bert Jansch ou John Martyn en tête. L’année dernière, avec Primrose Green, il livrait une musique beaucoup plus accomplie sur le plan formel, mais qui, si brillante et libre soit-elle, péchait paradoxalement par son académisme un peu vain.
Depuis, Ryley Walker a beaucoup tourné. Surtout, il s’est souvenu de ses années d’apprentissage, à Chicago, au son du post-rock de Gastr del Sol ou de Tortoise, et des séances d’improvisation organisées par le multi-instrumentiste Leroy Bach au Whistler, un café consacré à la musique indépendante.
C’est ce même Leroy Bach, membre intermittent de Wilco, qui produit aujourd’hui Golden Sings That Have Been Sung. Avec lui, la musique de Ryley Walker bascule dans une autre dimension, s’aventure sur des territoires non balisés, où de longues séquences improvisées s’apprêtent d’arrangements à la tonalité impressionniste, tel le motif de clarinette placé en ouverture de The Halfwit in Me. Ailleurs, c’est le fantôme d’Alice Coltrane qui brosse d’amples glissandos de harpe, un Age Old Tale se jouant insensiblement de la barre des huit minutes, le temps d’installer un climat à la fois sombre et rêveur, un clair-obscur instrumental ponctué d’un chant étrangement habité.
Il serait facile, dans ce contexte, de céder aux démons de l’emphase ou de l’esbroufe (sur l’édition bonus de l’album, une version live de Sullen Mind s’étire quand même sur quarante et une minutes), mais ici, outre l’extrême sobriété des musiciens, c’est l’écriture qui joue les garde-fous, les intentions mélodiques de Ryley Walker offrant à ces huit morceaux les atours de quasi-classiques. De là à parler d’album de la maturité…
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