Depuis leur apparition sur la scène sénégalaise voici 13 ans, le duo Positive Black Soul a favorisé l’implantation en Afrique d’une culture venue de l’extérieur, le hip hop, et beaucoup fait pour lui donner une identité distincte du modèle original. Aujourd’hui, Didier et Amadou soignent toujours autant leur look d’importation mais chantent en wolof, cette […]
Depuis leur apparition sur la scène sénégalaise voici 13 ans, le duo Positive Black Soul a favorisé l’implantation en Afrique d’une culture venue de l’extérieur, le hip hop, et beaucoup fait pour lui donner une identité distincte du modèle original. Aujourd’hui, Didier et Amadou soignent toujours autant leur look d’importation mais chantent en wolof, cette langue dont la phonétique rugueuse épouse comme en premières noces le mode de diction scandé du rap. Après cinq ans de silence Run Cool, dialogue transversal en français et en wolof entre l’Afrique, l’Europe et New York vient installer définitivement l’Afrique au coeur du continent rap.
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A l’instar de Fela Kuti qui inventa l’afro beat au retour d’un voyage aux Etats Unis, il a suffit à Didier et Amadou d’écouter chez eux la musique des anciens pour s’émanciper du format américain et inventer ce nouveau style de rap qui semble ici libérer en coïncidence ses rythmes et ses esprits. « Peu à peu notre vision des choses a changé. En saisissant mieux l’idée qu’une essence africaine puisse se perpétuer à travers des formes musicales créés au loin par la diaspora, nous en avons conclu qu’avant de naître américain, le rap était africain. Dans cette idée, nous avons gagné en certitude grace aux exemples que nous offraient ici le tassou ou le taxourane, deux formes ancestrales très proches de ce qu’est devenu le rap. » Ce voyage à rebours se trouve d’autant mieux accompli que Run Cool, à travers la participation de la franco-camerounaise Princesse Erika, et des jamaïquains Red Rat et Ky Mani Marley (fils de Bob), trace l’ébauche d’une arborescence musicale qui saurait mettre en lien rap, ragga, mbalax et autres ingrédients au célibat trompeur.
Hormis l’obligation d’honorer la coutume du « featuring » en usage chez les rappeurs, ces invitations donnent un surcroît de réalité à ce que l’on pourrait appeler l’Afrique universelle, monde dont les contours outrepassent les limites reproduites dans les manuels de géographie. Longtemps le rap américain a recherché ces trajectoires invisibles venant combler la partie manquante de l’histoire personnelle des afro américains ayant un jour manifesté l’envie de saisir un micro. Mais depuis qu’il est passé à l’ère industrielle, cette dimension n’a cessé de décroître. Selon un étrange phénomène de compensation, c’est désormais au rap africain d’établir au dessus de l’océan des sons un pont aérien et d’explorer les remarquables espaces acoustiques qui surgissent de la rencontre entre sensibilité polyrythmique africaine et électronique.
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