La Rumeur persiste et signe avec une compilation d’inédits. Critique et écoute.
Autre France. A la fin des nineties, La Rumeur fracturait les portes du rap français via une série d’ep. Une démarche qui définissait par touches successives l’identité du quatuor et l’épaisseur du propos qu’il allait livrer sur long format. Vingt ans après, c’est encore cette triple embrouille sur Inédits 2 qui se lit à nouveau comme une série d’ep : on y (re)trouve l’egotrip africain et les grossièretés emphatiques d’Ekoué, le radicalisme anti-système d’Hamé, l’ennui urbain et la poétique gangstérisée de Bavar.
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Un univers singulier posé sur des compositions nocturnes, reflets cinématographiques, spartiates et froids, de ce qui se joue au micro. Les dictions, les préoccupations et les regards ont évolué – souvent pour le mieux –, mais une constante demeure, qui fait le sel de cette carrière. Pétri de références à une immigration hexagonale (Antilles, Maghreb, Afrique) et à ses combats spécifiques, d’une urbanité cultivée sur le pavé parisien et les trains de banlieue, référencé dans les querelles populaires de ce siècle, marqué par l’actualité, les lettres et le cinéma d’ici (de Fanon à Melville), La Rumeur représente une esthétique, une éthique et une histoire profondément – sinon autrement – françaises.
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