Houlala/Bondage On a beau s’y attendre, on est à chaque fois surpris, ému. Les petits poils des bras qui se dressent, et l’envie de sourire niaisement. Ladies and gentlemen, Suspense : l’album du siècle du bimestre. Le genre de petit objet qui va vous apporter un plaisir inversement proportionnel à sa taille, que vous allez […]
Houlala/Bondage
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On a beau s’y attendre, on est à chaque fois surpris, ému. Les petits poils des bras qui se dressent, et l’envie de sourire niaisement. Ladies and gentlemen, Suspense : l’album du siècle du bimestre. Le genre de petit objet qui va vous apporter un plaisir inversement proportionnel à sa taille, que vous allez acheter en double pour pallier l’usure (abruti ! les lasers sont immortels !) et qui vous permettra de briller dans vos soirées Tupperware. On devine dès les photos de pochette que ce disque est net : pose arrogante de petite frappe à la Richard Hell, blouson chamarré que n’aurait pas renié le mauvais goût d’un Willie Loco Alexander, déhanchement sensuel
et diaphane d’un Sylvain Sylvain. Ouvrir l’objet, c’est percuter la radiale Paris-Los Angeles, renifler les harmonicas de la Grand-Route (Behind your eyes) ou dénicher un clone jeune de Zim. Alors on fouille les cendres et on découvre que, dans un passé récent, Suspense fut, malgré sa formation initiale de batteur, chanteur/initiateur des Cherokees, combo orthodoxe et râpeux. Puis split/voyage, il traverse la Grande Eau en nage pour retrouver la patrie du rock’n’roll. Les fées étant penchées sur sa console de mixage, il y rencontre trois ex-Bruce Joyner, dont le cristallin et inventif guitariste Pat Byars. Le reste implique beaucoup de sueur, sans doute des larmes, et du sang séché sur les manches de guitare : du rock hors-FM, insistant quand il faut et gracieux lorsque c’est nécessaire, le genre de petites choses qu’aurait pu offrir un Johnny Thunders en état de grâce et sevré. Il y a dans ce petit diamètre d’argent le mystère de la nuit (Settle down) ou un sexe pétulant (Devil in me), la lune au-dessus des Stetsons ou la Grande vadrouille (Behind your eyes, déjà cité).
Et que les francophobes se rassurent : point de méforme ou d’inspiration petit bras, chaque chanson ouvre avec impudence un nouveau paysage, tout en arrogance et certitude.
Christian Larrède
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