Il est français, chante en anglais, a des faux airs de Depardieu et connaît ses classiques (Beatles, Dylan, Bowie) par coeur. Comment ne pas rouler pour Rover ? Critique et écoute.
Difficile d’oublier notre première rencontre avec Rover. C’était au Festival des Inrocks 2011 : il avait surgi de derrière le rideau, avec sa guitare et sa carrure à la Depardieu (pas celui de Villepinte avec Sarko, l’autre des Valseuses ou de chez Truffaut). Il avait littéralement explosé de beauté, jouant devant des festivaliers ébahis de voir ce grand corps en pleine forme jouer de sa voix avec tant d’émotion. On s’était juré de faire sa connaissance un jour ou l’autre.
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Il y eut d’abord un ep prise de contact, puis ce premier album tout entier (sur lequel les déjà fans ne retrouveront que deux titres, les excellents Aqualast et Tonight). Rover est un personnage, une envergure et une histoire. Avec un père qui bossait dans une compagnie aérienne et qui roulait en Rover (ronce de noyer, tout ça), il a passé son enfance aux Philippines, un peu en France, puis en Suisse, en Allemagne et aussi à New York ; il a été dans le même lycée que deux Strokes (Nikolai Fraiture et Julian Casablancas) et il est parti à Beyrouth, où il a rejoint son frère et monté un groupe de rock, avant d’en être expulsé pour une question de visa.
Une vie baladeuse qui n’a jamais éloigné Rover du disque, des disques. “Les Beach Boys et les Beatles sans limite, et Dylan parce qu’en deux phrases il dit tout. Et puis Bowie énormément”, voilà pour la base (difficile de ne pas l’entendre). Et puis il y a la musique classique, qu’il écoute “quotidiennement” sans en être un fondu. Chez les Français, seul Gainsbourg trouve grâce à ses yeux. On lui suggère The Divine Comedy pour l’histoire récente, période Casanova (période sommet), il dit qu’il a découvert ça sur le tard, mais qu’il aime beaucoup. On trouve pourtant beaucoup de Neil Hannon chez Rover : une vraie ambition pop à laquelle il faut ajouter une grande liberté.
Chez Rover, on n’est pas chez les horlogers de studio. On ne cherche pas la perfection : on veut simplement organiser le chaos avec le plus d’élégance possible. “J’essaie d’être authentique, ma musique, c’est un peu de la fripe, il y a un dandysme, c’est romantique.” Tout est dit. Et le disque le prouve. Mélodies qui chopent la cervelle avec diverses méthodes (Remember, Queen of the Fools ou Lou), pièces qui montrent le chemin du ciel (Champagne, Carry on et le divin Full of Grace caché en fin d’album).
Chez Rover, ça tombe sur la chaussure mais le doigt n’est jamais posé sur la couture : il y a cette envie d’incertitude, ce brin de laisser-faire qui laisse augurer des concerts déments, où l’homme se mesure à qui le veut bien, les yeux grands ouverts, le torse bombé et les cheveux trempés de sueur. Il y a du très bon chez ce jeune homme qui voudrait déplacer des montagnes avec un vrai respect, sans être trop démonstratif et orgueilleux. Rover est parmi nous, et nous sommes prêts à le suivre.
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