La 24ème collection été du festival commence ce soir et se terminera samedi. Avant d’aller retrouver notre amie la Bretagne, on fait le point sur nos attentes de cette année.
Il n’est évidemment pas question de manquer les immanquables Portishead, le phénoménal Todd Terje, les brutaux Liars, la grâce d’Ana Calvi ou de Frànçois and The Atlas Mountains, les furieux Thee Oh Sees ou The Fat White Family, le retour de l’entertainer gouailleur Baxter Dury, la tornade Moderat, la perfection Temples. Etc. Etc. Etc. : la programmation en tout point, à toute heure et en tout lieu parfaite de la Route du Rock 2014 ne laissera aucun choix aux cœurs, aux corps et aux âmes.
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Mais chacun d’entre nous a, tout de même, ses petites préférences : trois rédacteurs présents au festival vous expliquent pourquoi, à tout prix, ils ne manqueraient pas trois artistes.
Ought
On avoue ne s’être jamais tout à faire remis de l’album de Clues, sorti il y a cinq ans chez Constellation, pas plus qu’on ne s’est remis de la séparation du groupe, pourtant l’un des plus prometteurs de l’ère moderne. Bonheur : Constellation n’a certes pas remplacé Clues et Ought n’est certes pas une copie de Clues, mais le label a trouvé de quoi nous redonner un baume similaire au cœur. A savoir des chansons reptiliennes et changeantes, raides et sèches, une énergie incontrôlable, du carré ou du rond, quelques beautés profondes auxquelles se heurtent des uppercuts sanglants, la rage chancelante et imprécise d’un rock viscéral, d’un équilibre précaire entre punk malléable et pop titubante. Sur scène, à la Nouvelle Vague avec Frànçois and The Atlas Mountains et l’excellent Hamilton Leithauser, ce devrait être fou.
>> Le mercredi 13 à la Nouvelle Vague
Angel Olsen
On avoue ne jamais, non plus, s’être tout à fait remis de la découverte de la jeune américaine Angel Olsen et des chansons à la force infinie de son second album Burn Your Fire For No Witness. Folk à ronces vénéneuses, rock fiévreux, voix d’ange ou de démon, mais voix toujours voltigeuse, un charisme aussi glacial de majeur sur scène : Cat Power en devenir, Lana Del Rey sans le décorum, cousine possible pour la spectrale Hope Sandoval de Mazzy Star, Olsen est, si jeune, si fragile, une sorcière déjà puissante, dont les charmes n’ont pas encore cessé de nous happer.
>> Le jeudi 14 au Fort de Saint-Père (scène des Remparts)
Caribou
On avoue ne pas s’être tout à fait remis (ter) de la manière dont Caribou, découvert il y a plus d’une décennie sous le nom de Manitoba, a construit sa célébrité et l’immense côte d’amour, international, dont il fait désormais l’objet. Discret lorsqu’il bidouillait sa pop cinglée, cousine de celle d’Animal Collective, devenu énorme animateur de foules quand il a replongé, plus clairement, dans l’électro avec son précédent album Swim ou avec son projet parallèle Daphni, Caribou est devenu, enfin, il était temps, l’un des plus adorés des adorés. Il revient avec le tordu et passionnant Our Love, avec l’objectif déclaré de rendre l’amour reçu : ça commencera à la Route du Rock, ou le garçon est l’un des plus attendus.
>> Le jeudi 14 au Fort de Saint-Père (scène du Fort)
CAROLE BOINET
Mac DeMarco
Si, par on ne sait quel triste hasard, vous êtes passés à côté du slacker montréalais Mac DeMarco, on ne saurait que trop vous conseiller de vous précipiter sur Spotify, Deezer ou, mieux, chez le disquaire du coin, pour vous procurer son dernier album, magiquement baptisé Salad Days (et aussi, tant qu’à faire, ses deux premiers albums, Rock and Roll Nightclub et 2, tout aussi indispensables). Résumer notre coup de cœur pour Mac DeMarco en quelques lignes est une tâche ardue. Disons que sa désormais légendaire zinzinitude, sa coolitude absolue à base de bières et d’un documentaire cinglé, sa guitare scintillante, son sens de la mélodie chill et sa voix de velours ont eu raison de nous. Espérons juste que le créateur DeMarco ne soit pas d’ores et déjà dépassé par sa créature, soit la horde de ses fans qui attendent depuis des mois un concert mémorable au Fort Saint Père.
>> Le samedi 16 au Fort de Saint-Père (scène du Fort)
Darkside
Si l’on n’avait pas hésité un seul instant à remettre la palme de la claque live 2013 à Jagwar Ma pour leur mémorable concert à la Flèche d’Or (dont nos jambes se souviennent encore), notre préférence pourrait bien aller cette année à Darkside, pour leur show hypnotique à Primavera Barcelone. Dans une quasi obscurité, les contours de leurs silhouettes dessinés par deux spots blancs situés au fond de la scène, Nicolas Jaar et Dave Harrington nous avaient tout bonnement retourné le cerveau. Il faut dire que Psychic, leur album sorti en 2013, est d’une beauté magistrale.
>> Le jeudi 14 au Fort de Saint-Père (scène du Fort)
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Perfect Pussy
Attention, il faut avoir le cœur bien accroché pour se frotter à la sauvagerie de Perfect Pussy. Comme leur nom l’indique, les Perfect Pussy ne font pas vraiment dans la dentelle. Et c’est tant mieux. Leur rock sale, crâneur, déglingué cassera surement les oreilles à certains mais fera, heureusement, exploser la tension de beaucoup d’autres. A la croisée de Sonic Youth et du Tigre, du punk et de tout ce que les Etats-Unis ont pu produire dans la veine du rock fou furieux, la petite troupe de Syracuse (signée chez les toujours géniaux Captured Tracks) déploie une énergie salvatrice. Un grand merci.
>> Le samedi 16 au Fort de Saint-Père (scène des Remparts)
MAXIME DE ABREU
TOY
C’est ça le rock anglais : une bande de jeunes (faussement) décoiffés, des styles vestimentaires impossibles (mais bien pensés), et une nonchalance (véridique cette fois-ci) à toute épreuve, qui fera avaler aux plus naïfs que tout ça c’est de la branlette de modeux, du revival post-punk de flemmard, en un mot, l’intérêt zéro de la musique. Mais nous on sait que les Londoniens de TOY sont de vrais musiciens comme il faut, de ceux ayant bien révisé l’histoire du shoegazing, de l’art rock, du psychédélisme. Sur scène, on attend de longues trainées instrumentales qui rendent maboule, et assez de look et d’élégance pour ringardiser pas mal de monde. En attendant, on révise leurs deux excellents albums publiés depuis 2012.
>> Le samedi 16 au Fort de Saint-Père (scène des Remparts)
Cheveu
Déjà culte, tout autant que trop largement confidentiel, Cheveu a sorti quatre albums depuis 2008, dans lesquels le trio explore un rock total, sautant avec joie du garage au punk, de l’indus au psyché, de la guerre lo-fi au petit tube presque pop. Le dernier d’entre eux, Bum, continue d’exploiter la potacherie que la musique à guitare oublie trop souvent dans l’excès de frime et de flemme. Logiquement signés chez Born Bad Records, ces Français voyageurs (leur histoire s’est bâtie sur de folles tournées en Amérique et en Europe) promettent de bien dégommer le public 2014 de la Route du Rock.
>> Le samedi 16 au Fort de Saint-Père (scène des Remparts)
Slowdive
Avec My Bloody Valentine, Slowdive fait partie des artisans ayant inventé cette chose, alors même que le terme leur échappait à l’époque : le shoegaze. C’était au début des années 90 et depuis, tout le monde ou presque avait oublié ce groupe anglais originaire de Reading. Vite séparé après la sortie de trois albums discrets, Slowdive n’a jamais vraiment connu le succès, pas plus critique que public, dans la mesure où le groupe s’est vite mangé la vague britpop en plein dans la tronche. Ce que ces gens timides ont surtout connu, c’est la grosse lose – mais pas celle qui fout la honte, qui enterre l’histoire pour toujours ; non, celle, au contraire, qui bâtit la légende des vaincus magnifiques, frappés par la grâce plutôt que par la gloire immédiate. C’était il y a 20 ans. 2014 : Slowdive se reforme et annonce quelques concerts. On ne manquera pas ce face-à-face avec l’Histoire.
>> Le vendredi 15 au Fort de Saint-Père (scène du Fort)
Toutes les infos sur la prog ici : www.laroutedurock.com
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