Douce et habitée, de l’electronica anglaise qui se fait un film. Critique et écoute.
Sa pochette en origami résume assez bien l’éthique de cet album : artisanal mais minutieux, épuré mais complexe. Derrière ces pliages se cache James Birchall, rescapé de mille carrières techno et aujourd’hui l’un de ces compositeurs de chambrette dont l’écran d’ordinateur semble large comme une baie vitrée, un écran de cinéma. Mais là où tant d’autres laborantins de l’electronica se contentent de signer, parfois au kilomètre, des BO imaginaires, cet album à haut pouvoir suggestif construit carrément le film, les images surgissant des haut-parleurs : action, tension, mystère ou béatitude s’enchaînent ainsi selon un scénario haletant, qu’il serait dommage de découper en chansons/scènes.
Cet album, chanté d’une voix somnambule, s’adresse ainsi à tous les sens et prend le contrôle autoritaire de l’espace, notamment avec des petites merveilles de pop expérimentale et de groove assoupi comme Summer on the Haight ou The Harbour Wall, modestes pop-songs à la prodigieuse profondeur de champ : là-bas, loin dans le décor, vous pouvez entendre des bruits roses de My Bloody Valentine, apercevoir le sourire d’Eno, contempler une mer de miel et de mercure.