Les Strokes sont formidables. Tout au moins, leur stratégie est formidable, époustouflante d’intelligence. Après un premier album unanimement acclamé comme un petit bijou taillé dans la pure nostalgie CBGB s 76-77, mais suffisamment rutilant pour qu’on l’adore sans réserve, les voilà désormais qui poussent le mimétisme punk jusqu’à la perfection. Tous leurs modèles ont fait […]
Les Strokes sont formidables. Tout au moins, leur stratégie est formidable, époustouflante d’intelligence. Après un premier album unanimement acclamé comme un petit bijou taillé dans la pure nostalgie CBGB s 76-77, mais suffisamment rutilant pour qu’on l’adore sans réserve, les voilà désormais qui poussent le mimétisme punk jusqu’à la perfection. Tous leurs modèles ont fait ça : un premier album qui cisaille les pattes, un second qui casse les couilles. Chapeau, rudement bien imité. Donc voilà, comme (en vrac) Blondie, les Damned, le Clash, Patti Smith, Television, Devo, les Ramones, les Cars ou Jam, Casablancas et ses copains se prennent gentiment les pieds dans la console dès le deuxième virage. Comme tout le monde les attendait au tournant, l’œil déjà dans la lunette, il valait donc mieux ne pas décevoir en sortant un « bon » deuxième album. Tout ça aurait été tellement vulgaire, tellement pas cool.
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Les Strokes sont le dernier objet warholien en état de marche, ils fonctionnent uniquement à l’énergie du référent, de la reproduction mécanique de codes et de signes. Ils fonctionnent surtout à la flambe, ce qui n’exclut jamais quelques retours de flamme. Room on Fire est donc un charmant ratage, presque une réussite, tant les chansons qui s’alignent comme des quilles ressemblent finalement à celles qui ravissaient sur Is This It. Elles sont simplement moins efficaces, moins vivifiantes, un poil plus longues, plus traînardes, plus embarrassées’ Il y a des solos de guitare inutiles, moins de mélodies à siffler sous la douche, plus de cernes sous les refrains, moins d’appétit à l’ouvrage, plus de temps morts, moins de désir. Mais ne fusillons pas les Strokes pour si peu, il leur reste tant à accomplir : le troisième album avec un orchestre symphonique, le quatrième (un double), concept incompris sur le moment et culte vingt ans plus tard, le disque de reprises, le live « At Budokan », l’album (sur)produit par Phil Spector à sa sortie de taule
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