Dans la famille Lemon Twigs, voici le père, qui profite de la notoriété de ses fils pour ressortir ses archives et un album.
Après des décennies à voir passer des “fils de”, on accueillera avec amusement un “père de”, en l’occurrence celui de Brian et Michael D’Addario, les deux jeunes zèbres de The Lemon Twigs. Partout où ils passent, y compris sur scène, les frangins surdoués de Long Island ne manquent jamais de citer leur géniteur, musicien et songwriter amateur qui leur a insufflé dès le biberon le goût des mélodies sixties et des harmonies pigeonnantes, en leur plongeant la tête dans l’opulente discothèque familiale et en leur collant les mains sur les instruments du salon.
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Un tour de piste dans la lumière
Il faut bien avouer qu’avant ça personne n’avait jamais entendu les compositions de “Papa Twig” (son surnom désormais officiel), que celui-ci a consignées sur une demi-douzaine d’albums à compte d’auteur depuis 1977.
“A force de mentionner leur père, s’amuse Ronnie, mes fils ont commencé à attirer du monde sur YouTube, où on trouvait certains de mes vieux titres, et grâce aux réseaux sociaux ma musique est arrivée jusqu’à Pedro Vizcaino, du label You Are The Cosmos, qui s’est montré tellement enthousiaste qu’il a mis les choses en route. La plupart de ces enregistrements ne sont pas des rééditions, c’est la première fois qu’ils sortent officiellement.”
Il y a d’abord eu un premier coffret de trois disques, couvrant la période 1976 à 1983, accompagné d’une compilation vinyle, et la demande fut telle qu’un second coffret vient de sortir, incluant un nouvel album baptisé The Many Moods of Papa Twig, titre clin d’œil à l’album (horrible) que Murry Wilson, le père des Beach Boys, publia en 1967 pour surfer lui aussi sur la notoriété de ses prodiges.
Un conte de fées contemporain
A cette différence près que le père Wilson était une ordure profiteuse, un abominable tyran. Rien de tel chez Ronnie, qui s’offre juste un tour de piste dans la lumière, lui qui a toujours gravité dans l’ombre des studios comme ingénieur du son ou musicien de session, et qui rata de peu le bingo en voyant l’une de ses chansons, Falling for Love, enregistrée (mais jamais publiée) par les Carpenters en 1982. “Probablement”, répond-il sobrement lorsqu’on suggère que cette chanson aurait pu changer le cours de sa vie.
On la retrouve parmi cette collection disparate, dont les arrangements sont plus ou moins réussis selon les périodes, comme on retrouve Brian et Michael encore enfants sur l’adorable Trophy Girl et bien d’autres trésors dans une veine McCartney/Emitt Rhodes/Brian Wilson qui n’auraient pas à rougir face à leurs modèles.
“J’ai toujours pris les choses très sérieusement, j’aurais aimé avoir du succès, parvenir à en vivre. Malheureusement, je n’ai jamais rencontré la personne qui aurait pu m’aider.”
L’ironie heureuse, c’est que les personnes qui finalement l’ont aidé à accomplir ce rêve de toujours vivaient sous son propre toit. Tous sont réunis sur le nouvel album, notamment sur une chanson, le merveilleux She Tries, qui peut à elle seule servir de bande-son à ce conte de fées contemporain.
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