Des envies de toucher, de sentir, d’être vu et de voir. Des corps simples et d’autres plus ambigus : il y a dans l’art actuel, pour les artistes comme chez les spectateurs, un besoin, une présence inassouvie du corps, sur tous les supports, dans toutes les directions. Impossible d’en faire le tour complet : paysage choisi avec quelques postures d’artistes.
Ron Mueck
Reproduire le cadavre de son père, à l’identique, réduit à la taille d’un enfant. Sculpter des nourrissons aux joues rebondies et aux proportions d’adultes. Fasciné par les questions de taille, Ron Mueck imite les formes mais inverse les rapports. Corporalité et rapports de force qui rappellent la vulnérabilité de l’enveloppe humaine.
Mona Hatoum
Qu’est-ce qu’il y a dans le corps d’un artiste ? Des litres d’alcool ou de la sensibilité pure ? Avec une caméra endoscopique, cette artiste libanaise propose son autoportrait clinique et nous ouvre les portes de son intériorité. Un voyage assez peu fantastique dans un organisme unique et impersonnel, passé au crible de l’image médicale. A l’inverse, quand Pipilotti Rist promène une petite caméra dans son corps, de l’anus à la bouche, c’est pour traverser des paysages désirants, des terres hot et brûlées.
Jenny Saville
Antimodèle par excellence, Jenny Saville s’étend sur une plaque de verre, fait photographier ses plis de chair ainsi accentués, qu’elle peint ensuite en d’informes autoportraits. Peau boursouflée, corps en émoi : Saville évoque Bacon et ses silhouettes torturées. Un corps en souffrance, en ébullition, qui se phagocyte.
Douglas Gordon
Les mains d’un chef d’orchestre filmées en gros plan et évoluant au rythme de la musique de Vertigo, Trust Me tatoué sur son propre bras, le pouce d’une personne consentante entièrement tatoué en noir, du transformisme animal avec du scotch : par sa présence sourde et continue, le corps est chez Douglas Gordon une quatrième dimension, une carte de mémoire, un médium déréalisé, l’antichambre des expériences psychiques.
Brice Dellsperger
Inversion des rôles et des corps, des sexes et des genres : avec des acteurs travestis ou transsexuels, Brice Dellsperger réalise des remakes fragmentaires de Zulawski, Brian De Palma ou du Retour du Jedi. Sous le titre générique de Body double, ses vidéos proposent un casting dérouté et des corps androgynes, pour dire la confusion des sentiments et des identités.
Vincent Julliard
Un bout d’élastique, une marionnette, un spot lilliputien… petits accessoires du théâtre ORL de Vincent Julliard. Un spectacle strictement buccal puisque centré en un seul et unique lieu : la bouche de l’artiste. Du corps comme lieu d’action, bébête, ludique et dédramatisé. Micro-performance.
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