La formation indie pop de Melbourne passe à la vitesse supérieure avec un deuxième album qui impressionne par ses trouvailles mélodiques.
L’Australie n’est pas seulement le pays du hard-rock, de Hugh Jackman et des expéditions punitives dans l’outback menées par des barjots complètement ivres, partis massacrer des kangourous (revoir le cultissime Wake in Fright du réalisateur canadien Ted Kotcheff).
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C’est aussi une pépinière de groupes qui, de The Birthday Party à la fin des années 1970 à King Gizzard & the Lizard Wizard et Tropical Fuck Storm aujourd’hui, n’ont jamais cessé de rebattre les cartes de ce grand racket globalisé qu’est le rock’n’roll. Et ne parlons même pas de “l’éclatante vitalité” de la scène garage-rock et post-punk des années 2010 aussie, que nous évoquions ici à l’occasion de la sortie en 2014 du bouquin de Jimi Kritzler, Noise in My Head : Voices from the Ugly Australian Underground.
Sur les pas des Go-Betweens
Cousine dévoyée, l’indie pop n’est pas en reste. En 2012, le Howlin de Jagwar Ma nous ramenait à Madchester, avec un album en forme de montée d’acide irrésistible – à se demander si le meilleur groupe anglais de la décennie qui vient de s’achever n’était pas australien. Puis (attention, inventaire non exhaustif), ont débarqué Rolling Blackouts Coastal Fever et sa jangle pop et, enfin, RVG, formation des faubourgs de Melbourne, menée par la charismatique Romy Vager.
Marchant sur les plates-bandes de leurs compatriotes de Brisbane The Go-Betweens, et citant un large éventail de ce que l’Angleterre thatchérienne a fait de mieux (The Psychedelic Furs, Echo & the Bunnymen, Prefab Sprout et, plus tard, The Auteurs), les quatre moutards de ce groupe flamboyant redonnent au genre un certain panache qui ne détonnerait pas sur une compilation de Bernard Lenoir.
Textes sombres et production cinq étoiles
Porté par la voix androgyne de Romy, RVG livre ces jours-ci un second album aussi sombre dans son écriture que prodigieux d’un point de vue mélodique. De l’exaltation suicidaire d’Alexandra, morceau d’ouverture tout en tension (le premier couplet est éloquent : “Come Monday morning / You may find me dead / You may not find my body / But you might find my head in a motel closet”), au velvetien Photograph (chef-d’œuvre absolu), en guise de bouquet final, les dix titres qui traversent ce disque au romantisme noir portent en eux la marque des poètes torturés.
Soutenu par une production cinq étoiles qui faisait défaut à leur premier album, A Quality of Mercy (2017), ce Feral est un pic émotionnel, une épiphanie adolescente que l’on n’osait plus attendre. Une madeleine aux guitares sublimes et intemporelles.
Feral (Fire Records/Differ-Ant)
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