Panda Bear a beau jouer Micht mit einer mond, une adorable ritournelle pour synthés anciens, le groupe n’est pas allemand, mais américain des profondeurs. Console a beau jouer My dog eats beats, remarquable mélopée pour technologie approximative, le groupe de Martin Gretschmann n’est pas américain, mais allemand. Les deux ne se connaissent évidemment pas, mais […]
Panda Bear a beau jouer Micht mit einer mond, une adorable ritournelle pour synthés anciens, le groupe n’est pas allemand, mais américain des profondeurs. Console a beau jouer My dog eats beats, remarquable mélopée pour technologie approximative, le groupe de Martin Gretschmann n’est pas américain, mais allemand. Les deux ne se connaissent évidemment pas, mais leurs parents, si, forcément, intimement. Alors fatalement, on cherche des indices. Winter in Saint Moritz, chante tendrement Panda Bear, tandis que des Korg vintage, des Roland d’antan et un violoncelle caressé offrent à cette voix de petit garçon romantique une jolie couche de poudreuse où gambader. De Wilheim, le village bavarois où Console a appris à « marcher comme un ver de terre », jusqu’à Saint-Moritz, à peine quelques encablures en traîneau : on sait déjà où s’est passée la partouze qui allait donner naissance à cette pop pouparde, à cette électronique pas du tout mathématique. On connaît aussi la date et la liste des invités : le milieu des années 70, alors que Brian Eno, Kraftwerk ou Kevin Ayers se réunissaient là dans le plus grand secret pour remettre sur pied une pop-music rendue diabétique et débile légère par les mauvais traitements de quelques malfaisants. De cette cure radicale de dégraissage, Panda Bear et Console conservent de farouches dégoûts pour le décorum, la prouesse gratuite. Comme chez Plaid ou Aphex Twin, le puéril n’est donc jamais ici chassé comme un mauvais conseiller, mais au contraire souvent invité à s’emparer de la mélodie, à la tenir en laisse avec deux bouts de ficelle. Console, qui a appris le son derrière les consoles des Allemands émancipés de Notwist, a gardé de cette école buissonnière le goût du refus quand il s’agit de choisir son camp entre samplers et instruments, mélodie et improvisation, Coldcut et Coltrane. Beaucoup plus rupestre et artisanal, Panda Bear a beau chanter We built a robot, on le devine confectionné de bouts humains, sans doute même de morceaux d’enfants on pense alors à du Kraftwerk joué par Smog un soir de douce torpeur. Face au traître virage de l’histoire, qui réhabilite en masse les victimes du punk et leurs enfants, ces dinosaures à quinze doigts et à guitare double manche de Suede à Laurent Garnier , cette double leçon d’humilité et de simplicité est un rafraîchissement.
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