Indoor et Robert Morris, deux expositions simultanées au musée d’Art contemporain de Lyon. Elles sont le fruit d’une politique de suivi des artistes.
« Si l’art contemporain s’est fait, durant les trente dernières années, hors des limites strictes d’aires spécialisées (…), il s’est aussi dispersé, et avec lui la formidable vitalité qui présidait à ses créations. Indoor désire ramener la vie dans les musées, par le fait des artistes. » Tel est le souhait des organisateurs. En clair, Indoor (« à l’intérieur ») est une collaboration entre trois musées européens : le « musée-maison » de Serre di Rafalno près de Sienne, le musée d’Art contemporain de Lyon et le Stedelijk Museum voor Actuele Kunst de Gand. Sur une période de trois ans, en organisant des résidences d’artistes accompagnées d’expositions collectives, Indoor suit un groupe de treize jeunes artistes européens. Cette année, après la Toscane, le projet fait escale au musée d’Art contemporain de Lyon. Sous la forme d’un journal de bord, le catalogue qui accompagne l’exposition témoigne du bonheur des artistes et des organisateurs (dont Thierry Raspail) de participer à une telle aventure. Le visiteur, lui, découvrira les résultats : d’extravagantes propositions d’artistes comme le mobilier triangulaire de Michelangelo Pistoletto, le ring de boxe du Norvégien Bjarne Melgaard, et Interior landscape, une vidéo d’Alicia Framis, sans contexte la pièce maîtresse de l’exposition. Lors d’un séjour à New York, la jeune artiste espagnole a exploité le principe de la rencontre impromptue dans la rue, sympathisé avec quelques personnes et les a interrogées sur leur « paysage intérieur » tout en leur demandant de se bander les yeux. Exposé comme cela, on imagine le pire : un énième avatar de Sexe, mensonges et vidéo, ou bien un psy-show façon Mireille Dumas. Mais loin d’être ce genre d’objet télévisuel, Interior landscape est un environnement envoûtant : la projection d’une image flottante à échelle humaine de visages d’hommes et de femmes qui dévoilent leurs désirs.
Sur un autre étage du bâtiment, parallèlement à Indoor, on peut découvrir l’autre grande entreprise du musée d’Art contemporain de Lyon : un programme d’exposition, sur trois ans, de pièces inédites de Robert Morris. Personnage lunaire et figure emblématique de nombreux mouvements avant-gardistes, l’artiste américain continue, à 68 ans, de produire des oeuvres surprenantes et minimalistes. Comme ce nouveau labyrinthe animé par des projections vidéo. Les images se fondent dans l’ensemble de la pièce, tout comme le son s’évanouit dans l’espace d’exposition : une surface de 1 000 m2 plongée dans la pénombre et rafraîchie par l’odeur boisée des parois du labyrinthe. Un travail à vous donner la chair de poule, à frémir de bonheur. On avance, on suit le flux suggéré par l’aménagement de la pièce : des couloirs étroits, courbes et rectilignes qui débouchent sur de vastes impasses où sont projetées d’anciennes performances des années 60. « Aujourd’hui, la vidéo ne m’intéresse plus, reconnaît Robert Morris, la projeter ainsi, c’est une autre façon de questionner et d’occuper l’espace public. »
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