Road Kill Overcoat

Depuis plus de dix ans, activiste et boulimique, Busdriver enchaîne les featurings (du rap cérébral d’Omid à la pop fiévreuse des Canadiens Islands), les productions étranges et les albums passionnants, dans un hip-hop underground de Los Angeles qui a souvent eu du mal à se faire entendre entre les laboratoires soniques de New York (Def Jux, Rawkus’) ou San Francisco (Anticon). Il faut dire qu’avec ses paroles plus proches de Jarry que de Jay-Z et ses passions iconoclastes (le free-jazz, Belle & Sebastian ou Blonde Redhead), il s’est lui-même exclu des playlists de toutes les Skyrock de l’univers, préférant toujours l’absurde au clinquant, l’école buissonnière aux régressions old-school.

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Sur son précédent album, Fear of a Black Tangent, il tentait pourtant un hip-hop nettement plus accessible et percutant, mais les stades ont continué à fermer leurs portes à ce rappeur résolument trop imprévisible et déconnant ? Je vends plus de disques en France qu’aux States’, y rappait-il, hilare. Pas surprenant qu’il ait collaboré avec Danger Mouse, qui a lui aussi longuement et joyeusement écumé les tréfonds de l’underground avant la consécration Gnarls Barkley ou Gorillaz. Comme lui, Busdriver ignore tout des murs de la honte entre genres, osant même ici une ravissante pop-song, Sun Showers. Car même si les beats demeurent aussi cahoteux, les rimes aussi dada, l’humour aussi cruel (envers lui-même, surtout), le flow aussi frénétique, les sons aussi excentriques, Busdriver a résolument gagné en confiance, en toupet, en conviction. Il serait même étrange que cet étonnant trip, aussi grave que groove, demeure très longtemps réservé aux happy few. Qu’attendent les Gorillaz pour l’embaucher ? et pas seulement pour conduire le bus ?