De sales histoires d’homme amoché, mises en scène avec audace. Critique et écoute.
Quand tout s’affole, tout s’accélère, tout fait délicieusement perdre pied, le songwriting de Richard Buckner fait partie de ces valeurs refuges vers lesquelles on peut venir confronter sa confusion. Depuis vingt ans, l’Américain chante les coeurs brisés d’hommes bourrus et bourrés avec une constance remarquable, devenant en chemin l’inspiration de pas mal de ses pairs, dont Bon Iver.
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Seul songwriter à avoir déniché un trait d’union entre JC et JD (Johnny Cash et Joy Division), il possède au moins deux genres de chansons, très tristes et euphorisantes quand même : la lente, souvent traitée avec un soin de joaillier, et la plus rapide, régulièrement servie comme des fayots sur le feu, sans manières. Euphorisantes, car quoi qu’il arrive, ça ne peut pas aller plus mal que dans une chanson de Richard Buckner – et Surrounded est très bien, car Buckner semble au plus mal.
Au plus mâle aussi, façon Townes Van Zandt pour ces histoires à cauchemarder debout, originellement prévues en nouvelles. Dans la lignée des expérimentations irréelles de ses albums des années 2000, il revient ici à une americana indocile et perméable aux dérèglements les plus ambitieux, à des torchsongs qui titubent avec une grâce innée : ses santiags poussiéreuses sont ses bottes de sept lieues.
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