Rouge qui tache. Comme les Manic Street Preachers, ces incorrigibles punks découvrent aujourd’hui un rock compact et sophistiqué. Si l’un des titres phares de leur premier album Pure s’intitulait This is my Hollywood, nous serions tentés de surenchérir cette fois en s’écriant “C’est l’Amérique !” D’autant que les premières mesures de Paralyse, au-delà de l’exclamation […]
Rouge qui tache. Comme les Manic Street Preachers, ces incorrigibles punks découvrent aujourd’hui un rock compact et sophistiqué.
Si l’un des titres phares de leur premier album Pure s’intitulait This is my Hollywood, nous serions tentés de surenchérir cette fois en s’écriant « C’est l’Amérique ! » D’autant que les premières mesures de Paralyse, au-delà de l’exclamation béate, nous rapprochent allegro des symptômes grunge persistant encore sur la Côte Ouest des USA. Assurément, les voyages forment la jeunesse, et 3 Colours Red en profite pour jeter aux orties son masque de dernier Mohican d’un binaire destroy spécifiquement britannique. Sans pour autant tourner casaque, sans lâcher une once de sa puissance mélodique, 3 Colours Red inocule à une palette solide mais monochrome les variations noisy d’un autre monde. Sans tendre vers le rose pâle ni se noyer dans de flous gris colorés. Les compteurs restent dans le rouge maison, mais dorénavant les moteurs se sont suffisamment étoffés pour ne jamais souffrir en surrégime. Les guitares en chapes, outils de plus en plus hégémoniques, carburent au super, plombées en l’occurrence par une production aciérée de Chris Sheldon (Foo Fighters, Therapy ) et Dave Eringa (Manic Street Preachers, dont l’influence est ici criante).
Si ces nouvelles options heavy et martiales transpirent sur Paranoid people ou Be myself, c’est encore sur l’héritage des Stiff Little Fingers ou Senseless Things, dont Ben Harding fut la cheville ouvrière, que se forgent d’autres Pirouette, Cancel the exhibition, Back to the city ou Calling to the outside, toujours calés entre rage amère et mélancolie en apnée. Ici on ne vire pas aussi facilement sa cuti. On n’essaie même pas d’exorciser ses démons, on les dompte, on les fait cohabiter avec d’autres pour mieux fourbir une meute cohérente. Et l’assimilation s’opère en force, mais sans heurt. D’un simple gardien du temple punk, aussi compétent et pétillant fût-il, 3 Colours Red devient ainsi une formidable machine à rock’n’roll compact, plus autonome et génératrice donc de lendemains inédits. Rappelons qu’entre le passé de Pete Vuckovic au sein de Diamond Head, metal-band adoubé et repris par Metallica, et les quelques détours du batteur Keith Baxter par la brit-pop des Midlands, on a les idées larges chez les Reds. Pour preuve, ce Beautiful day, ballade scintillante enluminée d’une section de cordes aussi discrète qu’efficace.
Entre power-pop naturelle, pérégrinations soft ou pugilat avéré, Revolt explicite les convictions précédemment développées et défriche son propre maquis sonique. Plus question de livrer aujourd’hui un simple compte rendu épistolaire des vingt-cinq dernières années de fracas détonant. Désormais, les Anglais écrivent leur propre chapitre, à l’encre rouge bien sûr, mais sans papier carbone. L’écueil du deuxième album est esquivé avec talent, désinvolture et caractère : la voie est libre.
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