Cette généreuse rétrospective des High Llamas offre une occasion de tordre le cou à bien des idées reçues concernant le travail de fourmi de Sean O Hagan depuis la décomposition des remarquables Microdisney il y a dix ans. Pour beaucoup, le leader rouquin et effacé de cette formation anglaise ne serait qu’un disciple lointain un […]
Cette généreuse rétrospective des High Llamas offre une occasion de tordre le cou à bien des idées reçues concernant le travail de fourmi de Sean O Hagan depuis la décomposition des remarquables Microdisney il y a dix ans. Pour beaucoup, le leader rouquin et effacé de cette formation anglaise ne serait qu’un disciple lointain un peu laborieux de Brian Wilson, qui tartinerait à longueur d’albums une espèce de confiture Pet Sounds à l’aspartame, non dénuée de goût ni de charme, mais dont la seule vertu serait de donner envie de retourner aux chaudrons originaux. Les seize morceaux du premier CD, tirés des cinq albums publiés par le groupe depuis 1992, de Santa Barbara à Snowbug, obligent à apporter quelques nuances à ce constat, O Hagan prouvant, au travers d’un spectre d’influences bien plus vaste, que sa démarche n’appartient en rien à un catéchisme monomaniaque dévoué au Dieu solaire et névrosé des Beach Boys.
Il y a certes ce parfum wilsonien qui affleure sur la plupart des morceaux ? ces claviers martiaux dialoguant en suspension avec ces bouffées de cordes vaporeuses, ces petits trafics sonores et ces percussions spartiates, ce banjo à la fois badin et hypnotique, ces harmonies West Coast ? mais l’observateur un peu renseigné sur l’érudition musicale pléthorique du lama en chef n’aura aucun mal à déceler les autres composants de cet ADN musical d’une richesse inépuisable. O Hagan livre d’ailleurs quelques indices à travers certains titres de morceaux en hommage à d’autres de ses maîtres ? Bach Zé, pour Jean-Sébastien et Tom, Shuggie Todd pour Otis et Rundgren ? tandis que sa passion pour Ennio Morricone comme pour Steely Dan, pour les pionniers naïfs de l’electro genre Raymond Scott ou Bruce Haack, comme pour les Teutons flingueurs du krautrock, transpire au fil de constructions instrumentales souvent inouïes. Un second CD de vingt-six titres, composé d’inédits, de faces B et de diverses déclinaisons des thèmes originaux façon musiques de films, met en lumière l’aspect plus expérimental du savoir-faire de O Hagan, qui mène rappelons-le une double vie comme clavier chez les infiniment plus surestimés Stereolab.