L’été, douce saison des festivals. L’occasion de revenir sur le passé du festoche, ses concerts, sa jeunesse en folie et ses débordements. Troisième épisode : les années 80.
Les eighties. Ses tee-shirts fluos, ses coupes mulet, ses clips bruités par de lourdes touches de synthés, une décennie parfaite pour renouveler le temps festivalier. Cette fois-ci, plus personne ne s’émeut de voir des milliers de jeunes se rassembler autour de scènes le temps d’une série de concerts. Le festival est un genre désormais parfaitement enraciné, théâtre accueillant pour l’originalité artistique comme pour les veilles gloires ridées.
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Chemisette couleur pétard et grosses ray-ban
Le cru 85 des Francofolies de La Rochelle laisse découvrir une scène à l’allure imposante. Guest-star de feu pour ouvrir les Franco’ : Pierre Meige. Ne cherchez pas, le bonhomme n’est même pas référencé sur Wikipédia. Même à la page has-been. Jean-Louis Foulquier, directeur du festival est, lui, certain que Pierre Meige mouillera le maillot pour ses fans assis en tailleur devant la scène. « Ici, il n’y a que des artistes qui veulent donner toutes leurs tripes, tout ce qu’ils ont au fond d’eux-mêmes. »
Avec sa chemisette couleur pétard et ses grosses ray-ban, J.-L. Foulquier est un homme terriblement accepted in the 80’s, à qui l’on est alors obligé de faire confiance. La hype rochelaise quoi. On se déhanchera donc devant le line-up de feu emmené par les Rita Mitsouko ou encore Hubert-Felix Thiéfaine pour des concerts décorés par de très roses et très kitsch pancartes France Inter.
Ambiance jazzy sur la Côte d’Azur
La même année mais sur la Côte d’Azur cette fois, le temps est d’humeur jazzy. Voilà la Grande parade du jazz sur la scène des arènes de Nice. Le soleil se couche, on boit un petit coup de rosé et on vient se caler contre la vieille pierre du théâtre antique pour écouter les oldies de BB King ou de Miles Davis joués par les stars en personne.
Maître de cérémonie de ce reportage réalisé par France 3 Côté d’Azur, Moustache, vieux routier du festival niçois. Ce fan invétéré de jazz disserte sur l’actualité du genre tandis qu’en arrière plan, un hipster façon 80’s exhibe à qui veut les voir ses grosses chaussettes de foot tendues jusqu’aux genoux. Un style malgré tout classique comparé à la veste brillante et lunaire de Miles Davis interviewé à la fin du sujet.
« La jeunesse emmerde le FN »
En avril 87, Noël Mamère déjà moustachu mais encore journaliste, s’installe confortablement au milieu du jardin du Luxembourg pour présenter le groupe qui fait scandale aux Printemps de Bourges : les Béruriers Noirs, ces rockeurs « foldingues qui ont beaucoup de succès auprès des lycéens ».
Sur la scène de Bourges, on découvre donc une bande de jeunes loufoques, crêtes iroquoises, teintures blondes et bretelles punks. « Un underground radical » apprécié de ces cohortes de fans sanglés dans leurs bombers et leurs jeans taille-haute. Les Béruriers annonce au détour d’une chanson que « la jeunesse emmerde le FN » puis se cale sous un panneau qui indique « Feux à 100 mètres » pour se plaindre d’être cantonné « au sous-sol de ce qui se fait ». 87, année radicale.
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