Le 12 juillet dernier, Jean-Charles de Castelbajac et les inRocKuptibles invitaient 8 nouveaux talents français, dont HER et Kazy Lambist, à venir jouer sur la scène du Paris-Orly Festival, pour sa toute première édition. Retour sur une journée de concerts planants, avec vue sur les pistes d’atterrissage.
C’est dans le Terminal Sud de l’aéroport que s’ouvre cette première édition du Paris-Orly Festival, organisée par Jean-Charles de Castelbajac, et en partenariat avec les inRocKuptibles. A peines arrivés devant la scène du Terminal Sud, face aux pistes d’atterrissage, les avions Air Caraïbes nous donnent déjà des envies d’ailleurs. Un cadre idyllique pour les répertoires de pop, rock et électro rêveurs de nos invités Baptiste W. Hamon, Tim Dup, Agua Roja, Ana Zimmer, Part-Time Friends, Burning Peacocks, Kazy Lambist et HER.
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Accompagné de deux guitaristes, Baptiste W. Hamon nous fait embarquer vers une première escale dans le sud-ouest américain. Mêlant à un phrasé évocateur des grands noms de la chanson française, un folk country à fleur de peau et sans artifices, l’artiste ponctue son set de bouleversantes complaintes à l’harmonica.
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A peine remis de nos émotions, Tim Dup s’empare du silence de marbre, installé par la prestation de Hamon, pour nous faire prendre une correspondance dans son « Ter Centre » – premier morceau de sa performance – vers un univers toujours plus mélancolique et dépouillé. Seul au micro et au clavier, tel un James Blake francophone, le jeune chanteur fait frissonner l’auditoire de ses fulgurances vocales, sur une instrumentation délicate et minimaliste, agrémentée parfois de sonorités électroniques.
Le trio Agua Roja prend ensuite la relève, injectant aux ambiances nocturnes de son prédécesseur, des rythmiques pop rock charmantes et doucement entraînantes. Oscillant entre guitares summer pop ou shoegaze et romantisme planant à la The XX, Agua Roja nous captive par l’intensité de ses mélodies, portées par l’impressionnante voix de sa leadeuse, au timbre étrangement similaire à Adèle.
La diva aux longs cheveux bouclés laisse place ensuite à la nouvelle reine du RnB français. Sirène blonde tout de velours pourpre vêtue, Ana Zimmer secoue le public de ses mini-tubes au groove sensuel, allant puiser ses beats ravageurs dans la trap et la soul pop brumeuse de ses pairs nord-américains comme The Weeknd.
Désinhibés par cette invitation à une danse envoûtante et langoureuse, les voyageurs en transit à Orly se préparent à l’entrée en scène du groupe Part-Time Friends. Dans un tout autre registre, le combo parisien continue à réchauffer l’ambiance avec un folk rock léger, irrésistible et sans prétention, à l’écoute duquel on ne peut qu’arborer un large sourire. De retour dans l’ouest américain, Part-Time Friends nous enchante par ses harmonies vocales, ensoleillées et fédératrices, et ses airs de troupe baroudeuse, cultivant un esprit roots et psyché, à grand renfort de couronne de fleurs, tambourin multicolore et autres accessoires hippies.
L’après-midi se termine sur l’electro-funk torride et aquatique du duo Burning Peacocks. Sur une basse ronde et ronronnante, les deux compères nous emportent aisément dans leur tourbillon 80’s. Les cheveux plaqués en arrière, parfaitement lissés, comme si elle venait tout juste d’émerger du fond d’une piscine, la chanteuse au glamour et au charisme hypnotiques ressuscite l’esprit des années new wave avec un naturel déconcertant.
Un concert qui nous aura donné des envies de cocktails exotiques, juste à temps pour la pause apéro. On prend donc un break dans le nouveau restaurant ouvert dans l’aéroport par le chef Gilles Choukroun, fan éperdu et notoire de rock, trop content d’accueillir les groupes à ses tables.
Parmi eux, les récents lauréats inRocKs lab de Kazy Lambist montent sur scène le soir, sans rituels, sans cérémonial, en toute nonchalance. Et pourquoi stresser, se déguiser et se chorégraphier quand on possède des chansons qui, naturellement, invitent à la danse paisible, ordonnent la joie béate ? Même dans ces conditions parfois cocasses, lorsque les annonces de l’aéroport viennent se caler parfaitement sur les nappes du groupe par exemple, le trio ne perd jamais son flegme, rappelant au passage qu’il possède déjà un son et des chansons fermes, rénovatrices d’une pop funky et colorée.
Ambiance nettement plus mise en scène chez Her, dont quelques membres emportèrent autrefois le prix inRocKs lab sous le nom de Popopopops. Nettement moins portée sur l’hédonisme débraillé d’une pop sous influence Manchester, leur écriture raffinée s’est tournée à la Jungle vers une soul moderne, enchantée de deux voix bouleversantes, qui peuvent même se permettre une reprise de Sam Cooke. Habillés en milords de casino canaille, les garçons de Her réussissent même, sur leur génial « Five Minutes » à faire danser un hall d’aéroport. Y compris des voyageurs qui débarquent et visiblement se pincent : cette musique suave et irréelle existe-t-elle vraiment ou serait-ce là un curieux effet secondaire du jet-lag ?
Première édition du Paris-Orly Festival, le 12 juillet 2016
Sous la direction de Jean-Charles de Castelbajac, en partenariat avec les inRocKuptibles.
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