Sept ans après, les Liverpuldiens font leur grand retour. Et entraînent le rock des 50’s dans leur petit manège hypnotique à la richesse sonore impeccable.
Quiconque a déjà mis les pieds dans une ville portuaire du nord de l’Angleterre comprendra ce dont parle Clinic dans son huitième album. Parcs d’attractions rouillés, fish & chips huileux et dévorés sur une plage couverte de brume, autotamponneuses grinçantes… A travers les mélodies psychédéliques et dansantes de Wheeltappers and Shunters, les Liverpuldiens viennent rendre hommage (à leur façon) à ces stations balnéaires autrefois très prisées, mais désormais bercées de misère sociale et de chômage.
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Il faut aussi voir là le reflet d’époques (les seventies en tête) dont on perçoit très souvent la face fun et claire, mais dont on occulte les ombres. Pour son retour après sept ans d’absence depuis Free Reign (2012), le groupe s’amuse donc à distordre le rock des années 1950 jusqu’à lui donner une couleur inquiétante, l’allure d’un clown grimaçant.
Riffs gras et sens de l’ironie
Avec leurs riffs un peu gras et leurs rythmes hypnotiques, les musiciens ne se trouvent jamais très loin de leurs cousins américains des Black Angels mais se démarquent de toute la scène néopsychédélique grâce à leur ironie et à leurs velléités d’expérimentations – chose due en particulier à la patte du producteur Dilip Harris (également à l’œuvre chez King Krule, Roots Manuva ou Sons Of Kemet). Chaque titre est en effet composé de petites touches sonores difficilement perceptibles, faisant de chaque écoute une découverte.
Au-delà de son aspect social et presque conceptuel, l’album se présente surtout comme un kaléidoscope d’influences éparses et parfaitement maîtrisées. Souvent rockabilly, quasiment dub par moments (grâce à l’usage de l’écho et des effets en général), presque tropical sur certains rythmes (Congratulations), le disque porte finalement assez mal sa pochette. Si cette dernière montre une maison au toit de chaume et à l’aspect plutôt tranquille, Wheeltappers and Shunters ressemble davantage à un bal de squelettes avinés, claquant joyeusement des mâchoires en jouant aux crooners.
Ce genre d’ambiance ne nous donne plus trop envie d’aller faire un tour au bord des plages anglaises (quoique), mais elle ne nous empêchera pas de nous pencher encore un peu sur cette pop de cirque fantomatique, histoire de saisir tous les détails sonores qui la composent.
Wheeltappers and Shunters (Domino/Sony Music)
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