Producteur du fabuleux classique “Beau Mot Plage”, l’Allemand revisite, sur un nouvel album attendu depuis douze ans, son électronique instable et amoureuse.
En 1998, surgi de nulle part, le jeune producteur allemand Rajko Müller, alias Isolée, sortait sur le label Playhouse, berceau de l’electro minimale, le morceau Beau Mot Plage. Un hybride hypnotique et mélancolique entre house et techno, parcouru de synthés en déroute, de beats désossés et de crissements sonores, qui allait s’imposer comme l’un des classiques absolus de la culture club.
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Avec sa pochette cartonnée blanche, son design minimal et ses références à l’Algérie, où Rajko Müller a passé une partie de son enfance, le premier album Rest (2000) s’avérait plus aride et brut dans son exploration des arcanes de la dance music, tout en s’imposant au fil des ans comme la pierre philosophale de la techno minimale. Faisant le grand écart entre Kraftwerk et Detroit, empreint d’une rigueur toute germanique, Rest dissimulait sa mélancolie intrinsèque, se débarrassant de l’inutile pour l’essentiel : l’âme du groove.
Des rythmes bancals et des mélodies hallucinogènes
Cinq ans plus tard, avec We Are Monster, le producteur se posait comme l’arbitre des ruptures de style, avec un disque de disco noir et désorienté, capable de jouer du banjo (Schrapnell) ou de muter eurodisco (My Hi-Matic), avec toujours cet art de tordre les mélodies, faire déraper les séquenceurs et pleurer les logiciels. Avec l’arrêt en 2007 du label Playhouse, Isolée s’est fait plus rare, sortant ici ou là des maxis, notamment sur Pampa, le label de DJ Koze, où sa conception de la minimale se faisait plus sage, suivant le pli du courant dominant pour mieux céder aux exigences des dancefloors de l’époque.
Douze ans après Well Spent Youth, compilation de singles plus que véritable album, Isolée est enfin de retour avec Resort Island. Le grand disque qu’on n’attendait plus, où le producteur timide et prodige se souvient de Rest et We Are Monster, renoue avec sa science des synthés mal dégrossis, des rythmes bancals et des mélodies hallucinogènes. Du percussif Canada Balsam à Pardon My French, clin d’œil tenace à Beau Mot Plage, de l’ambient Let’s Dence à Rumour, sculpté pour danser, Isolée ressuscite, sans nostalgie mais avec un hédonisme contagieux, son drôle d’univers robotique et dystopique, en bon génie isolé sur son île fantasmatique.
Resort Island (Resort Island/Bigwax)
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