Reservoir

Il y a les raides dingos des fanfares rouillées de Beirut. Ceux qui ne jurent, une main sur le cœur, que sur les mille-feuilles pop de Sufjan Stevens. Ceux qui vendraient leur mère, voire leur chat, pour une seule des chansons ardentes de Sigur Rós. Ceux dont l’âme bat la chamade dès qu’ils entendent les premières bourrasques des vents d’Arcade Fire.

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Et puis il y a les autres. Les indécis. Ceux pour qui le choix est un crève-cœur. Ceux qui, aussi, ont trouvé la solution à leur dilemmes, ont découvert qu’on pouvait tout aimer à la fois, et en une fois. Il suffisait d’écouter Reservoir, splendide premier album de Fanfarlo. Reservoir est d’abord sorti partout, sauf en France, en février 2009. Il a ensuite été distribué pour la modique somme de $1 (0.749€ environ) quelques jours en juillet, par le groupe lui-même et sur son site.

Il arrive enfin, en dur, en plastique, en vinyle, sur iTunes, en France. Il était temps. Il est toujours temps, d’ailleurs. Sorti en octobre, on aurait dit que ces chansons de bois humides et de feuilles en chutes libres collaient parfaitement à l’air de l’automne. Il arrive avec le printemps, on dira tout aussi bien que le songwriting luxuriant des Londoniens menés par le Suédois Simon Balthazar appelle l’été, que les tempêtes de trompettes ou des matelas de cordes sont idéaux pour faire croître un peu plus vite les bourgeons.

Mélodies virtuoses, arrangements voltigeurs, compositions à tiroirs, mélancolie qui colle à au ciboulot comme le goudron au goéland, production épatante de Peter Katis (Mice Parad, Interpol, Mercury Rev, The National…) : Reservoir est un disque sans saison, pour toutes les saisons. Car Les très Islando-beirutienne I’m a Pilot ou The Walls are Coming Down, la machinerie précieuse de Ghosts, le final éblouissant de Luna ou la quasi-Arcade Fire Drowning Men frôlent ou touchent le statut sans âge de classiques pop instantanés.