[Numéro spécial Daft Punk] Quatre ans après Homework, le duo revenait en 2001 avec un album vivace et nostalgique, empreint des émotions naïvesde deux kids des années 1970. Fidèle à la house, Discovery arpente aussi de nouveaux territoires.
Vous avez terminé votre deuxième album après des années de chantier. Etes-vous soulagés d’avoir vaincu l’épreuve ou anxieux d’être désormais incapables de retoucher Discovery ?
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Thomas Bangalter – Toute la pression que nous avons ressentie en faisant ce disque ne venait que de deux personnes : nous. C’est nous qui avions fixé les règles, les exigences. C’est pour ça que cet album a pris du temps et que nous sommes forcément satisfaits et heureux de l’avoir fini.
Y a-t-il des choses que vous aimeriez déjà corriger sur Homework ?
Thomas – Je n’ai jamais considéré que les choses devaient être parfaites, ça ne serait pas humain : c’est vrai que nous avons passé beaucoup de temps sur Discovery et que peu de choses ont été laissées au hasard. Mais Homework a été fait dans un contexte totalement différent, notre état d’esprit n’était pas le même – ce qui ne veut pas dire qu’il est contradictoire avec celui qui nous anime aujourd’hui. Discovery s’est fait un peu en réaction au premier, à l’importance que ce disque avait fini par prendre, à la peur de faire la même chose, à l’envie de continuer d’avancer.
On a commencé la musique en jouant du rock, en écoutant passionnément cette musique. Et, à 17 ans, on a découvert les clubs, les raves, la musique électronique, on a immédiatement été séduits par l’ouverture d’esprit des gens par rapport au système un peu rigide né de trente années de domination du rock. Cette volonté d’innover, d’expérimenter, de changer les règles de l’industrie nous a séduits et a conditionné le premier album. Et avec ce disque, nous avons réussi à nous faire accepter par le grand public, à travailler avec une multinationale : c’était inimaginable à une période où existait encore une différence entre underground et musiques populaires.
Aujourd’hui, il n’y a plus d’underground, la musique électronique est partout et il ne faudrait pas que l’ensemble des règles rigides détruites par cette génération devienne à son tour une norme. Le danger, c’est de perdre cette ouverture d’esprit, de voir le retour des puristes, de gens qui assènent : “Voilà, la musique électronique, on la fait comme ça.” Il faut être vigilant, ne pas laisser la musique électronique devenir en cinq ans ce que le rock était devenu en trente ans.
Ce qui sidère sur Discovery, c’est à la fois l’abondance des idées et la simplicité de leur traitement.
Thomas – Ce disque-là n’aurait jamais pu être fait sans l’héritage de la house, sans tout ce que cette musique nous a apporté en termes de production, de démarche de création – le home studio, principalement. Dans une structure normale d’enregistrement, dans un vrai studio, ce disque n’aurait jamais vu le jour – à moins d’avoir un budget gigantesque, avec un studio à disposition pendant trois ans. Ce qui est intéressant avec le home studio, c’est l’abolition du facteur temps – on n’est pas obligés d’avoir fini en deux mois – et en même temps, la présence très forte de limites, surtout matérielles.
“L’avantage de travailler à la maison, c’est qu’il n’y a personne pour te dire : ‘Tu es dans le rouge, il faut recommencer’.” Thomas
Il n’y a pas de deadline, mais des frontières : on prend donc le temps, mais dans un certain cadre. Dans un grand studio, on n’aurait sans doute jamais achevé ce disque, on se serait perdus dans la technologie. Les machines avec lesquelles nous travaillons ne limitent pas l’imagination mais la maniaquerie.
Et puis, l’avantage de travailler à la maison, c’est qu’il n’y a personne pour te dire : “Tu es dans le rouge, il faut recommencer.” Nous pouvons être totalement hors des normes professionnelles. Pour nous, un morceau parfait l’est dans les limites de ce qu’on est capables de faire, il faut que ça reste humain, avec des fautes, des erreurs. Dès qu’il y a un peu d’émotion, 1 % de magie, ça suffit.
A 26, 27 ans, avez-vous eu l’impression de faire un bilan avec ce disque ?
Guy-Manuel de Homem-Christo – Nous avons découvert plein d’influences en écrivant la musique, en jouant en studio, en construisant avec humour… “Tiens, tel son serait drôle là-dessus”… Ça ne peut pas être un bilan, car des influences, on en a 10 000 autres. Et celles qu’on entend sur Discovery ne sont pas forcément nos préférées…
Thomas – Nous faisons partie d’une génération qui n’a pas eu à faire de choix entre le punk et le disco. On n’a pas le même vécu que nos aînés, qui ne pouvaient pas aimer avec la même passion Abba et Jam, Supertramp et les Sex Pistols… Ces contradictions n’existent pas pour nous. De tous ces groupes, nous n’avons gardé que la musique et pas le contexte, pas ce qu’ils pouvaient représenter alors. Des punks, nous avons plutôt conservé la façon dont ils ont traité avec le système du disque. Nous tentons d’adapter leurs méthodes à aujourd’hui et nous bénéficions d’une grande liberté, que ce soit pour notre musique ou la façon de sortir les disques.
Vous évoquez Supertramp, qu’on entend effectivement sur l’album, mais on pourrait parler d’autres parias, comme les Wings ou les Buggles.
Thomas – Video Killed the Radio Star des Buggles, c’est carrément mon morceau préféré, et c’est vrai que j’aime beaucoup les Wings – Live and Let Die, c’est génial. Maintenant que tu en parles, ça paraît évident, mais on n’y avait même pas pensé. Supertramp, c’était plus un clin d’œil, une question de son : pourquoi Supertramp aurait l’exclusivité du son du clavier Wurlitzer ? Après tout, Elvis Presley n’a pas déposé le son de la guitare rythmique !
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Nous n’avons jamais essayé de recréer, alors que souvent c’est le piège dans lequel tombent les groupes : ils prennent la décision de faire un morceau “à la manière de”… Le rétrofuturisme, ce n’est pas du tout notre truc. Nous ne nous préoccupons pas du bon et du mauvais goût, mais uniquement de ce qui nous touche. Il faut parvenir à nous émouvoir nous-mêmes.
Si le fait d’utiliser le son de Supertramp ne touche pas les cordes sensibles, si ce n’est que de l’exercice de style, alors ça ne sert à rien, c’est vide. C’est la grosse différence entre les deux albums : Homework était beaucoup plus destiné à faire danser, en travaillant sur le son, alors qu’avec Discovery il fallait en plus transmettre des émotions – en jouant avec la mélancolie, la nostalgie. C’est ce qui lie tous les morceaux.
En utilisant tous ces héros du mercredi après-midi devant la télé – du dessinateur Matsumoto (Albator) aux clips de l’émission Platine 45 (Buggles) –, avez-vous l’impression de dire adieu à l’enfance, de lui rendre un dernier hommage ?
Thomas – C’est plutôt un adieu à l’adolescence, à cette période de ta vie où, à tout prix, tu cherches à t’éloigner de l’enfance. Aujourd’hui, c’est sans complexe, sans honte que je peux retourner à l’enfance. S’il y a, sur Discovery, tant d’influences qui remontent à la période 1975-1985, c’est parce que ça correspond aux dix premières années de notre vie. Nous ne sommes pas forcément intéressés par la musique de cette époque mais, avec ce disque, nous voulions nous rapprocher – musicalement et visuellement – de la naïveté des expériences vécues à 5 ou 6 ans.
“Sur le premier album, l’influence très brute de Chicago était omniprésente. Elle est désormais présente en sous-main” Guy-Manuel
Nous voulions retrouver ces jugements d’enfant, quand on ne se demande pas si ce qu’on écoute est branché ou pas, bien vu ou mal vu, où l’on n’a pas honte d’aimer tel ou tel disque. Le jugement est alors très innocent, sincère, indiscutable, car il ne se fonde que sur ce qu’on ressent. C’était amusant de nous concentrer sur des émotions aussi lointaines, de retourner à un état qu’on n’a plus ressenti depuis vingt ans.
En vieillissant, vous êtes-vous naturellement éloignés du dancefloor ?
Thomas – La musique de danse, elle nous passionne, on la connaît bien, on en a beaucoup fait. Mais le problème, c’est qu’aujourd’hui on la maîtrise. Et ça ne nous intéressait pas, pour cet album, de recourir à ce savoir-faire. Le défi était ailleurs. Dans notre vie de tous les jours, c’est vrai que le dancefloor n’a plus la même importance, qu’on a pris du recul.
Guy-Manuel – Sur le premier album, l’influence très brute de Chicago était omniprésente. Elle est désormais présente en sous-main, notamment dans la dynamique. Mais ce n’est pas un renoncement à ce qu’on a vécu depuis des années en club. La fête, c’est trop important. Même si, c’est vrai, je m’intéresse aujourd’hui à des musiques auxquelles je pensais être hermétique, comme le classique. Tout cela s’additionne, ces nouveaux disques récemment découverts ne prennent pas la place des autres. Pour la musique de danse, j’ai mon label, Crydamoure.
Thomas – La démarche originale de la house, c’est le copier/coller, le bricolage, faire les choses n’importe comment. Nous sommes restés fidèles à cet esprit tout en allant contre un autre principe de base de cette musique : n’utiliser qu’une idée en dix minutes, de manière répétitive. Là, sur l’album, on est allés à l’inverse, en utilisant quarante idées en trois minutes. Mais ces chansons sont appelées à être simplifiées sur le Daft Club : ce que l’on a concentré, on peut le décompresser.
En brouillant les pistes, n’avez-vous pas peur de vous égarer ?
Thomas – Pour Discovery, il y avait la volonté d’aller dans des styles musicaux différents, sans tomber dans la fusion générale, mais en utilisant, sur la longueur d’un album, aussi bien des sons heavy metal que disco, soul, house ou rock. Ensuite, nous avons notre propre façon de composer et de mixer la musique, par un système de couches de fréquences, avec des effets qui nous touchent. Dès le début, il était important de ne jamais faire la même chose deux fois.
Sur un de nos premiers singles, Da Funk, nous étions ravis de la juxtaposition de cette chanson avec Rollin’ & Scratchin’, c’était important de présenter deux morceaux aussi différents, de nous définir, d’entrée de jeu, dans la combinaison des deux. Puis le premier album est arrivé et a présenté de nouvelles facettes, de nouvelles juxtapositions. Et là, quatorze nouveaux morceaux viennent étayer la thèse, des aspects différents mais pas nécessairement contradictoires. On nous comprendra mieux en juxtaposant les deux albums.
Comment conciliez-vous dans votre musique euphorie et mélancolie ?
Thomas – Il y a un point, émotionnel, qui me passionne : quand on ne sait plus si on doit rire ou pleurer. Dans le choix des samples, des harmonies, nous voulions tendre vers ce point, vers un truc très visuel, cinématographique. La beauté, ça peut à la fois émouvoir et rendre heureux. C’est un mélange de bonheur et de nostalgie qu’on ne peut pas expliquer.
C’est comme la dynamique de nos chansons : on ne sait pas sur quoi ça repose, mais il y a cette volonté d’aller toujours plus loin, d’atteindre le maximum de rendement et de le dépasser. L’un et l’autre sont le résultat d’expériences que l’on a vécues sur le dancefloor. La dynamique, c’est vraiment le côté physique de la musique, et la mélancolie, c’est son côté émotionnel.
Un titre sur l’album s’appelle, ironiquement, Something about Us : on vous sait, justement, très réticents à parler de vous-mêmes. N’y a-t-il pas parfois le désir de tomber les masques ?
Thomas – L’ambiguïté du titre était amusante. Mais derrière l’ironie, il y a une vérité : on aime plus que tout créer quelque chose et le donner, c’est aussi un morceau de nous. Nous nous protégeons beaucoup, c’est vrai. Mais quand on touche à l’émotion – comme c’est le cas sur cette chanson –, on ne peut pas tricher. C’est un feeling qu’on ressent et qu’on offre, on a livré là une partie de notre sensibilité. Avant, notre musique était surtout physique. Désormais, elle peut aussi rendre triste. Mais ce n’est pas de la manipulation, on ne peut pas tromper les émotions.
Guy-Manuel – Nous sommes vraiment contents d’avoir été fidèles à cette démarche depuis des années. Pour un musicien, être connu et reconnu, avoir des relations humaines faussées, ça paraît aller de soi. On ne voit pas pourquoi ça devrait être une règle d’apparaître en couverture des journaux, de sacrifier sa vie. On voulait juste savoir, avec notre jeu sur les masques, s’il existait un choix. On ne fait pas de musique pour l’argent, la gloire ou les femmes – ça, c’était notre motivation quand on a fondé Darlin’, à l’adolescence. Notre vie est autrement plus sereine que celle des stars.
“Notre amitié, à la base, ne reposait pas sur la musique, mais sur le cinéma” Thomas
Sur quelles bases aviez-vous fondé ce premier groupe commun ?
Thomas – La première fois que j’ai vu Guy-Manuel, c’est un copain qui me l’a présenté en me disant : “Il faut que tu voies ça, il imite parfaitement Garcimore !” Notre amitié, à la base, ne reposait pas sur la musique, mais sur le cinéma. On n’a commencé à faire de la musique que quatre ans après s’être rencontrés, en quatrième. On avait 12 ans, on était tous les deux très timides.
Guy-Manuel – A cette époque, Thomas était un vrai bosseur et moi, un glandeur. Le mercredi et le week-end, on allait traîner à Saint-Michel, on achetait des disques, on regardait des vieux films. Le circuit, c’était New Rose, Gibert, Danceteria, Studio Galande…
Thomas – Même si j’adorais des trucs comme Michael Jackson ou Prince, je n’avais jamais voulu faire de musique. Guy-Manuel m’a fait découvrir plein de trucs. Aujourd’hui encore, lui et moi, on se fait découvrir des trucs, on s’influence mutuellement.
Ton père était producteur de musique : ton refus de faire de la musique était-il une forme de rejet ?
Thomas – Ce n’était pas un rejet global de l’art – mes parents étaient l’un et l’autre artistes. C’était uniquement lié à la musique, sans doute parce qu’on me forçait à jouer du piano et que ça me soûlait. Notre chance, avec Guy-Manuel, c’est d’avoir eu des parents qui nous ont encouragés à faire ce qu’on voulait, à essayer de trouver une voie qui nous rende heureux. Il n’y a jamais eu ce côté “de père en fils”… Ce n’était pas un milieu bourgeois traditionnel, les parents de Guy-Manuel étaient aussi créatifs, dans la publicité. Un milieu aisé, libéral, anticonformiste.
En vous rendant dans des magasins de disques comme New Rose ou Danceteria, cherchiez-vous autant des amis que des disques ?
Guy-Manuel – Ce n’était quand même pas un club de rencontres. Mais c’est vrai qu’on regardait les petites annonces chez Danceteria. C’est là qu’on a recruté Laurent Brancowitz [guitariste de Darlin’, puis de Phoenix]. C’était la période indie pop, noisy pop, on se faisait un peu chier aux concerts. Mais la charnière Manchester, avec l’arrivée de l’électronique dans cette musique, nous a fait arriver où on est aujourd’hui.
Thomas – On essayait d’aller dans les boîtes, d’abord à La Locomotive, mais on se faisait jeter. On n’a jamais été trop forts à l’entrée des clubs – même plus tard, quand on essayait de rencontrer les DJ, au Queen ou au Palace. Fin 1992, on a commencé à traîner dans les raves, aux Transmusicales ou sur le toit de Beaubourg, dans ce minuscule milieu où tout le monde se connaissait.
Pour nous, c’était tout neuf, mais les autres, qui étaient là depuis quelques années, avaient déjà la nostalgie ! Ce qui nous a secoués, c’était cette volonté des musiques de rendre les gens heureux, cette envie de faire la fête, de bouger. C’était positif, alors qu’aux derniers concerts de rock auxquels on était allés – à part Primal Scream ou Dinosaur Jr. – on se serait crus à un enterrement.
Très vite, en les écoutant en soirée, on s’est rendu compte qu’on arriverait nous aussi à faire des morceaux pour faire danser les gens, qu’on parviendrait plus facilement à exprimer ce qu’on voulait avec ces outils qu’avec un groupe de rock. En rock, pour traduire ce qu’on avait en tête, il aurait fallu avoir un grand studio et être Phil Spector ou Brian Wilson. Là, on pouvait atteindre notre but à la maison.
Très vite, vous vous êtes fait remarquer par votre intransigeance vis-à-vis du business. A 18 ans, d’où venait cette fermeté ?
Guy-Manuel – Nous étions tellement fans de musique, de l’histoire du rock et de ses ramifications, que nous avions bien observé comment ça se passait. Nous connaissions l’histoire du manager qui prend tout l’argent, de la maison de disques qui utilise le groupe comme des pantins.
Thomas – Il y avait un stéréotype de la maison de disques des années 1980, et c’était vraiment l’ennemi. Nous venions de la scène indépendante, de l’anticorporation. Je venais de passer mon bac, j’étais en fac où j’étudiais la sociologie, la linguistique et l’ethnologie, je pensais m’orienter vers le cinéma. Guy-Manuel venait aussi de passer son bac, il se lançait dans l’illustration. On faisait de la musique le week-end, uniquement parce qu’on s’amusait. On était encore dans cet esprit radical, indé.
Puis, après avoir joué à Manchester dans le cadre du festival In the City, on s’est fait approcher par toutes les majors : on trouvait ça bizarre, il était hors de question de signer avec une structure où un directeur artistique nous dirait quoi faire. Ces majors sont devenues de plus en plus insistantes, elles croyaient qu’on faisait monter les enchères, qu’on était là pour réaliser un hold-up, s’en mettre plein les poches avec les avances. Alors qu’on voyait bien que les groupes qui avaient fait ça étaient ensuite pieds et poings liés à la maison de disques.
Ça ne nous a jamais intéressés de faire de la musique notre métier : c’était à nos conditions ou rien. Grâce à mon père, qui comprend parfaitement la situation et qui nous a bien exposé les risques encourus, nous pouvons prendre avec Guy-Manuel les décisions en parfaite connaissance de cause. Nous avons été très privilégiés par rapport à d’autres musiciens de s’être fait ainsi expliquer les rouages de l’industrie. C’est pour cette raison que nous demeurons producteurs indépendants de notre musique, que nous payons tout, des studios aux clips. C’est celui qui finance l’art qui en possède le contrôle.
Depuis le 9 septembre 1999, vous êtes devenus des robots. C’est un choix esthétique ?
Thomas – Nous trouvons nos nouvelles têtes plus belles que nos têtes humaines. Les robots sont beaucoup plus amusants que nous sur la couverture des magazines. Quelle est la part de calcul et celle de pudeur ? Impossible de répondre. On est prêts à donner beaucoup de choses, beaucoup de nous – mais en musique, sans nécessairement payer de notre personne.
Vous êtes un groupe célébré par vos pairs. Est-ce pesant ?
Thomas – Nous avons parfois rencontré des gens qui nous ont beaucoup influencés, et d’interagir avec eux d’un point de vue strictement humain et relationnel, ça valait toutes les collaborations en studio. Je préfère les remercier que les remixer. Il y a deux mois, j’étais à Los Angeles et mon portable a sonné. C’était Nile Rodgers, de Chic, qui me disait qu’il avait écouté notre album, qu’il adorait, qu’il voulait nous rencontrer. Qu’il ait aimé notre disque, c’est cent fois plus fort pour moi que de travailler un jour avec lui.
Discovery, comme son nom l’indique, a beaucoup voyagé. Mais sa force, c’est que vous avez emporté avec vous, sans honte, tous vos bagages.
Thomas – Non : là, on a encore voyagé léger. Nous sommes loin d’avoir tout emporté avec nous. Il y a encore plein de valises qui sont restées sur le quai.
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