Discussion avec Mathilde, Sophie et Juliette, les trois jeunes femmes derrière le concept insolite du collectif Sauce Blanche qui s’apprête à accueillir Pasta Grows On Trees, Andy Burns, Mohave et Le Feste Antonacci dans un kebab le 28 mars.
« On pourrait résumer le collectif Sauce Blanche en trois mots : du bon son, du döner et du bonheur ». C’est par ces mots que le mouvement se décrit sur sa page Facebook. Derrière cette description alléchante se trouve un concept, développé par Mathilde, Sophie et Juliette, qui ouvre tout autant l’appétit : investir des kebabs parisiens pour y donner des concerts placés sous le signe des dernières découvertes musicales.
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Voilà bientôt un an que ces trois jeunes femmes organisent ces événements insolites. En amont de leur 5e soirée, nous avons rencontré celles qui composent le collectif Sauce Blanche dans un kebab, histoire de découvrir leur projet en profondeur, et de comprendre ce qui vous attend le 28 mars, de 19h30 à 23h, au Kebab Saz dans le 2e arrondissement de Paris…
Pourquoi avoir créé le collectif ? D’où est venu ce projet ?
Sophie – Pour la petite histoire, on était toutes les trois dans le même master de management culturel, et on voulait toutes faire quelque chose à côté de nos études, dans le milieu associatif. On a pris un verre à trois, on a découvert qu’on était toutes un peu passionnées de musique et de nourriture, et qu’on voulait vraiment amener la culture là où on n’avait pas l’habitude de la voir. En face du bar où cette rencontre a eu lieu, il y avait un kebab. Et c’est de là qu’est partie l’idée.
Mathilde – On se disait « C’est fou, les kebabs sont ouverts jusqu’à 2h du matin et il ne s’y passe rien du tout« .
Sophie – C’est clair, c’est typiquement le genre d’endroit où tu vas dès que tu es bourrée et que tu n’as rien dans le ventre. En concert, soit tu manges avant, mais il est trop tôt, soit tu manges après, mais il est trop tard. Là, avec Sauce Blanche, on voulait unir le plaisir du concert et de la nourriture, tout en ré-instaurant le kebab de 20h je crois (rires).
Mathilde – Il faut avouer qu’avant le projet, on n’avait jamais été vraiment immergée dans la culture kebab. Mais la chaleur des lieux, les couleurs, les panneaux qui clignotent la nuit, tout cet aspect visuel nous a toujours fascinées. C’est urbain, y’a pas de chichi, c’est facile et abordable, et ça collait bien avec l’idée d’amener la culture là où on n’a pas l’habitude d’en voir.
C’est clair que le concept sort de l’ordinaire. Comment vous vous organisez avec les kebabs et les artistes pour les convaincre ?
Juliette – Ça a été assez compliqué au début (rires). La première soirée a été la plus difficile à organiser puisqu’on ne partait de rien : on n’avait pas de photos à montrer, pas d’évènements précédents comme exemple.
Sophie – C’est vrai que quand on s’est mise très sérieusement sur le projet, on s’est pris refus sur refus au niveau des kebabs. A un moment donné, on était même à deux doigts d’abandonner : mais on a eu l’idée de retourner dans le kebab à côté duquel on avait eu l’idée de Sauce Blanche, et par miracle, le propriétaire a été d’accord. Mais du coup, oui, trouver un kebab c’est la rude épreuve du collectif. Il faut trouver un kebab assez grand et dont les proprios comprennent le concept, y adhèrent et acceptent de nous accueillir. Mais bon, on avance bien : pour la prochaine soirée, on n’a même pas eu besoin de chercher : c’est les propriétaires du kebab qui nous ont contactées. Donc sacrée fierté de notre côté (rires).
Mathilde – Il faut rajouter que, pour le coup, le kebab, c’est un milieu assez masculin, et le fait qu’on soit trois filles n’a pas vraiment aidé. Ça a été très important pour nous dès le départ de créer un collectif de filles qui liait le milieu musical et celui du kebab, qui sont tous les deux très masculins.
Sophie – Et niveau des artistes, on n’a pas de soucis à les convaincre puisqu’on se concentre sur des artistes émergents. Et généralement, l’idée de jouer live dans un kebab leur plait assez.
Mathilde – C’est vrai que c’est un coup de promo intéressant pour eux : les artistes peu connus ont rarement un public qui se déplace dans une salle de concert classique, et là vu que le concept de Sauce Blanche sort de l’ordinaire, ça leur donne une plus grande visibilité. Nos soirées sont toujours complètes en plus.
Et aujourd’hui, ça fait un an que vous organisez ces concerts. J’imagine que vous avez vu et avez fait évoluer vos soirées ?
Juliette – Oui c’est sûr. En comparaison, le premier concert a eu lieu dans un plus petit kebab, il y avait moins de monde, et la soirée était gratuite. Maintenant, les gens sont plus nombreux et sont prêts à payer pour venir. Et de notre côté, on s’investit plus dans le projet, on développe plus le côté communication et scénographie.
Sophie – C’est vrai que quand tu regardes les concerts classiques, le fond est souvent noir. Ici, on essaye vraiment de mettre des néons, des boîtes de kebab, des choses sympas, histoire de rendre la scène très chaleureuse.
C’est quoi le but du projet, à long comme à court terme ?
Mathilde – A court terme, on voudrait vraiment continuer cette image associative du Collectif Sauce Blanche, qui met en avant des artistes peu connus dans des endroits insolites. La question qu’on se pose, c’est de savoir s’il faudrait élargir au milieu de la nourriture en général et arrêter de se concentrer uniquement sur les kebabs. Sur le long terme, on voudrait élargir dans l’évènementiel, histoire d’y amener notre touche. Mais un des projets qu’on a vraiment sur le long terme, c’est de faire une Sauce Blanche à Berlin, capitale du kebab.
C’est important pour vous de garder cet esprit défricheur ?
Sophie – Complètement. Aujourd’hui, il y a tellement d’artistes talentueux qui émergent et qui ont du mal à se trouver une place dans ce milieu… En plus, on est vraiment ouverte niveau style de musique. On marche uniquement par coup de cœur.
Du coup comment marchent vos coups de cœur ? Comment repérez-vous ces artistes ?
Mathilde – On fouine, on découvre de nouveaux artistes, on écoute, on regarde si le type de personnage pourrait matcher avec le concept et on envoie une demande. Tout s’est passé assez naturellement depuis le début, tout le monde a accepté.
Est-ce qu’il y a des artistes que vous aimeriez vraiment ramener dans le projet ?
Mathilde – On avait une liste avant, mais elle se raccourcit de jour en jour. Moi, je sais qu’au tout début du projet, je voulais vraiment ramener Flavien Berger dans nos soirées kebab.
Sophie – On voulait ramener David Boring aussi. On veut garder l’esprit défricheur, bien entendu, mais avoir une tête d’affiche ne nous dérange absolument pas.
Juliette – J’aimerais beaucoup que Lolo Zouaï vienne, j’adore ce qu’elle fait.
Mathilde – Les gars, si vous nous entendez, vous êtes toujours la bienvenue…
Et à l’inverse, est-ce qu’il y a des artistes que vous avez particulièrement aimé recevoir ?
Sophie – A la soirée rap et r’n’b, on a fait venir ZER0 et c’était vraiment un de mes gros coups de cœur l’année dernière. J’étais vraiment contente de les avoir ramenés jusque dans mon kebab quoi (rires).
Mathilde – J’ai adoré faire jouer Fernõ et Boy Racer à notre toute première soirée. Ca me rendait heureuse de savoir qu’ils nous avaient fait confiance alors qu’on avait encore fait zéro soirée et que le projet paraissait ridicule
Juliette – A la dernière soirée, j’ai beaucoup aimé Aly Bass. Elle avait énormément d’énergie, elle était vraiment super sympa et elle a vraiment mis l’ambiance. C’était génial de l’avoir. Et en plus c’était la première fille qu’on faisait jouer dans un kebab.
Concernant la soirée du 28 mars : pourquoi avoir choisi ces 4 artistes-là ?
Sophie – Le premier artiste qu’on a contacté, c’était Pastas Grows on Trees. Il évolue dans un univers un peu bedroom pop, style Mac deMarco, et j’adore ce qu’il fait. C’est lui qui nous a fait découvrir son ami Andy Burns, qui est en ce moment en tournée européenne et qui était vraiment partant pour jouer dans nos kebabs.
Mathilde – Pour Mohave, on a adoré les prods qu’ils ont faites sur certaines chansons de Lomepal.
Juliette – Et pour Le Feste Antonacci on avait toutes les 3 eu un coup de cœur.
Et c’est la première fois que vous allez tenir un concours ?
Mathilde – Effectivement, on organise un concours de donerqueen/donerking. On s’est inspirée d’un concept des années 1950s qui s’appelait les « Donuts Queen ». Pour y participer, il faut juste se prendre en photo avec un kebab et rajouter les hastag #donerqueen #collectifsauceblanche avant le 26 mars. La ou le gagnant aura des places pour la soirée, un couronnement par un talent VIP que l’on ne peut pas encore dévoiler et des goodies. Et il ou elle aura évidemment l’honneur de porter le premier titre de DonerQueen ou DonerKing (rires).
Sophie – Bref, on vous attend nombreux ! Il y aura de la bonne musique, de la bonne humeur et des bons kebabs !
C’est quoi les meilleures chansons à écouter en mangeant un kebab ?
Sophie – Ah c’est les questions qu’on pose d’habitude aux artistes (rires). On va te faire une playlist pour ça !
Rendez-vous le jeudi 28 mars, de 19h30 à 23h au Kebab Saz, le 2ème arrondissement. La billetterie est à retrouver ici ! Et pour vous mettre l’eau à la bouche, voilà la playlist :
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