Parrain de l’édition 2016 du Villa Schweppes BPM 2016, concours national pour dénicher les talents électro de demain, Pedro Winter est le fondateur d’Ed Banger Records, label de Breakbot, Justice ou encore Boston Bun. Il évoque son métier, son rôle de parrain, et la scène parisienne dans laquelle il n’a jamais cessé d’évoluer. En partenariat avec la Villa Schweppes.
Pourquoi avoir accepté ce rôle de parrain pour le Villa Schweppes BPM 2016 ?
Quand j’ai ma casquette de DJ je me dois de fouiller et de trouver les morceaux qui feront danser la foule. Le DJ a ce rôle d’éclaireur. J’aime cette notion, mais je suis encore plus heureux quand je peux transmettre ma passion. Il y a dans cette démarche quelque chose de similaire, mon expérience peut être utile que si je la partage.
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Qu’attendez-vous des différents participants ?
Je n’attends rien de particulier sinon les dés sont faussés, je ne cherche pas forcément le truc le plus dansant ou le producteur le plus funky. Le timing est génial car les jeunes producteurs ont l’obligation de tout renverser. La voie est libre, à eux d’écrire une nouvelle page de la musique électronique française.C’est vraiment ça que je trouve excitant. Je comprends tout à fait ces jeunes artistes qui durcissent le ton en rébellion de ce que nous avons pu faire avec Daft Punk ou plus tard avec Ed Banger. La musique avancera que si on arrête de ramener l’électro française à une succession de vagues, de French Touch 2.0 puis 3.0…
Pensez-vous qu’il est difficile pour un jeune DJ de s’imposer actuellement sur la scène actuelle, et si oui, pourquoi ?
Je pense que c’était plus difficile dans les années 90. La révolution numérique a tout modifié. La création, la communication, la distribution, tout. Il est plus facile de faire de la musique et la diffuser. En revanche, ce qui n’a pas changé, c’est la magie. Un artiste aura beau avoir un million de fans, ça ne fera pas de lui un artiste majeur, ça n’assurera pas la durée de sa carrière.
La première date du concours se déroule à Paris : y a-t-il d’après vous une ou des particularités de la scène parisienne ?
Je ne pense pas. Il se passe beaucoup de choses ici, mais plutôt d’un point de vue décisionnel que créatif. La preuve, beaucoup d’artistes parisiens s’exilent en province ou à l’étranger pour travailler. Le pseudo-conflit des scènes locales ne m’a jamais intéressé. Il se passe des choses mortelles à Caen, à Reims, à Lyon…
Qui décririez-vous comme les « pères fondateurs » de la scène parisienne ?
Pansoul, l’album de Motorbass sorti en 1996 est pour moi la base. Zdar et De Crecy sont de bons exemples. Il y a une culture DJ incroyable. On trouve une liberté totale dans la création de ce disque où se croisent hip-hop et techno de Detroit. Et puis Laurent Garnier, évidemment, pour ses soirées Wake Up au Rex. Les plus jeunes y verront deux scènes opposées, alors qu’au final ces trois artistes se sont battus pour la même chose.
Et quelles en sont actuellement les figures montantes ?
J’aime les parcours atypiques de Clara 3000, Jacques ou Eliott Litrowski.
Le roaster d’Ed Banger Records est-il majoritairement parisien ?
Ce n’est pas un choix mais c’est effectivement plus pratique. On pourrait être encore plus ouvert, mais je ne force pas les choses. C’est de façon naturelle et spontanée que nous avons d’ailleurs invité Fulgeance, artiste de Caen, sur le label : on sort son nouveau maxi mi-Février.
Considérez-vous Ed Banger Records comme un label parisien ?
Oui, si on considère Paris comme la capitale du monde (rires).
Quels sont d’après vous les soirées ou les collectifs qui font la meilleure programmation dans la capitale ?
Je sors moins mais j’observe la dynamique de la scène parisienne. J’aime la vision poétique et moderne du clubbing de l’équipe de We Love Art. J’ai été à ma première Concrete très récemment et c’est un fait, ils sont pros et passionnés, ça fait du bien.
Votre dernière claque parisienne ?
J’avoue que voir 500 personnes faire la queue sous la pluie devant la Concrete pour voir Fatima Yamaha était assez impressionnant.
Le club parisien où l’on est sûr de ne pas se tromper ?
Tous les clubs méritent d’être visités, chacun à son truc et c’est ça notre force. Moi j’aimais le Rex de Loïk Dury le lundi et je suais comme un fou aux soirées house du vendredi. Le Palace du vendredi avec David Morales me parlait plus que celui du samedi et ses VIPs. Le Social Club a aussi eu son temps de magie.
Une ville qui pourrait concurrencer Paris du point de vue de la scène électronique ?
Amsterdam. Les Hollandais en ce moment défoncent! Dollkraut, Fatima Yamaha et Dexter sont bouillants. Paris a détrôné Londres à la fin des 90’s mais la capitale anglaise reste pour moi le symbole ultime de ce qu’une ville peut offrir de mieux en terme de musique électronique au sens large et de variété culturelle.
Le ou les morceaux à ne pas oublier de passer quand on mixe à Paris ?
Le Boston Bun featuring Mayer Hawthorne, Paris Groove, sorti sur Ed Banger records en 2015. On avait envie de faire une sorte d’hymne club à Paris.
Toutes les informations sur le site de la Villa Schweppes.
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